En Côte-d’Ivoire la domination des multinationales du cacao exaspère les opérateurs nationaux

Les négociants de cacao en quête d’une meilleure position sur le marché d’exportation

(Agence Ecofin) – En Côte d’Ivoire, la concentration dans la filière cacao a eu pour effet de désavantager les exportateurs locaux dans les pays producteurs. Ceux-ci doivent faire face une concurrence féroce de la part des entreprises transnationales opérant aussi sur ce segment.

En Côte d’Ivoire, la domination des entreprises transnationales dans la commercialisation extérieure du cacao continue d’exaspérer les opérateurs nationaux. Le Groupement des négociants ivoiriens (GNI) a dans une lettre datée du 22 janvier dernier, appelé le Conseil du Café-Cacao (CCC) à conduire des réformes pour améliorer la représentation des acteurs locaux sur le marché d’exportation.

En effet, souligne l’association, le système de vente actuel est préjudiciable pour les opérateurs nationaux dans la mesure où il favorise les compagnies internationales qui ont un meilleur accès aux ressources financières et peuvent procéder à des achats importants.

Actuellement, 6 entreprises à savoir Cargill, Touton, Olam, Barry Callebaut, Sucden et Ecom détiennent l’intégralité des contrats d’exportation de cacao et dominent les achats de fèves dans le pays.

D’après le GNI, lesdites sociétés sont d’ailleurs les « représentants et les fournisseurs exclusifs » en fèves des fabricants de chocolats, ce qui constitue une perte d’opportunités pour les acteurs locaux.

Pour le groupement, des mesures pourraient être adoptées par le CCC comme l’imposition aux chocolatiers comme Mars, Hershey ou Ferrero de s’approvisionner auprès des acteurs locaux et une obligation immédiate pour les 6 entreprises transnationales d’acheter 20 à 30 % de leur cacao auprès des broyeurs.

Plus globalement, cette marginalisation des exportateurs locaux est le résultat d’une intégration poussée des acteurs internationaux dans la chaîne mondiale du cacao jusque dans les pays producteurs pour faire des économies d’échelle dans le transport.

La situation est encore plus délicate lorsque certains chocolatiers opèrent désormais directement ou par le biais de leurs filiales sur le marché d’exportation afin de réduire leurs coûts.

Face à cette réalité, de nombreux analystes soulignent qu’un meilleur accès au financement sera aussi une clé pour permettre aux exportateurs de renforcer leurs capacités par rapport aux sociétés étrangères qui ont un coût du capital plus faible.

Cela pourrait leur offrir la possibilité de mieux supporter les risques pour les cargaisons jusqu’à ce que celles-ci soient embarquées au port d’expédition et de mieux gérer la logistique de leurs approvisionnements sur le terrain.

Pour rappel, le GNI a été fondé en 2015 et rassemble 15 compagnies nationales dont les capacités d’achat et d’exportation totalisent 300 000 tonnes de cacao par an.

Espoir Olodo

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