Le procès d’Amadé Ouerémi réveille les horreurs dans l’ouest de la Côte-d’Ivoire

Viols, citoyens froidement assassinés, des corps mutilés ou criblés de balles jonchant le sol, des domiciles incendiés et pillés. Dix ans après la crise postélectorale, les scènes d’horreur, dont la ville de Duékoué a souffert, ont refait surface à la faveur de l’ouverture du procès d’Amadé Oueremi, le mercredi 24 mars 2021 au Palais de justice au Plateau.

En effet, dès l’entame du procès, le greffier a lu l’arrêt de renvoi relatant les témoignages des personnes ayant été victimes de ces drames. À travers ce récit au long cours, remontaient à la mémoire, des scènes que l’on croyait avoir été, sinon effacées, du moins ensevelies.

D’abord des scènes de viol. Une dame prénommée Dorcas raconte avoir été victime d’agressions sexuelles commises par quatre individus armés de fusils et machettes, qui ont forcé leur porte. Une autre dame, appelée Félicité, rapporte avoir été violée dans la brouissaille alors qu’elle et son mari fuyaient la ville. Ils ont été stoppés par des hommes armés et son mari tué tandis qu’elle subissait l’assaut sexuel de ses bourreaux. Dame Justine raconte, elle aussi avoir été victime de violences sexuelles après que des hommes armés lui ont tiré dessus.

Outre les viols, des victimes ont également énuméré plusieurs scènes d’assassinat de parents et proches, bien souvent froidement abattus sous leurs yeux. Le cas d’une fillette de cinq ans du nom d’Elvira qui, au dire de son père, a été abattue sous ses yeux alors qu’ils tentaient de fuir la ville de Duekoué le 1er avril 2011. Le cas aussi de ces deux jeunes gens d’une même famille qui, selon une victime, ont été fusillés et tués sur le champ par des dozo.

Une autre victime dit avoir perdu ses deux fils âgés de 18 et 32 ans, qui ont été abattus par des hommes armés, qui les avaient rattrapés alors qu’ils fuyaient le quartier Carrefour de Duékoué le 29 mars 2011. Une autre victime rapporte qu’à des barrages, des hommes armés faisaient le tri entre les femmes et les hommes, lesquels étaient exécutés sur le champ.

« De nombreux corps jonchaient les rues », est-il indiqué dans l’arrêt de renvoi lu par le greffier, dans lequel il est fait état de 817 cadavres recensés par des agents de la Croix-Rouge. « J’ai vu beaucoup de corps. Je n’ai jamais vu ça de ma vie », a en effet admis le principal mis en cause dans ces tueries, viols et vols, qui ont balafré la ville de Duékoué il y a dix ans.

Karine Koré

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