A Man en Côte d’Ivoire les secrets de la Résidence des ex-gouverneurs à 1300m d’altitude

La Résidence des Gouverneurs, dans la région du Grand Cercle de Man, pendant la période coloniale, était au sommet du Tonkpi, à environ 1300 mètres d’altitude. Une habitation dont les travaux ont débuté vers 1930 et se sont achevés en 1935. Route menant au sommet du Tonkpi construite à la main; résidence à l’allure d’une forteresse, construite avec d’énormes masses de pierres granitiques transportées sur la tête et polies à la main : le tout réalisé par les populations autochtones locales, sous la supervision des gardes de cercle très zélés et parfois violents. Après une récente randonnée au sommet du Tonkpi, nous avons voulu en savoir davantage.

« Être en altitude pour dominer » nous a dit un jour, feu Diomandé Gbindé, alors chef de terre et chef du village Biangouin (village originel de Biankouma), une localité autrefois située au sommet du Mont-Bian à plus de 600 mètres d’altitude. Une seule piste en forme de spirale menait à ce village. Configuration topographique presque identique pour tous les villages toura et yacouba dans l’Ouest montagneux de la Côte d’Ivoire bien avant la période coloniale . Être en altitude, permettait jadis aux populations autochtones desdites localités de maîtriser les éventuels mouvements des potentiels ennemis.

Le patriarche Gonssé Pierre, chef de tribu et du village de Gbépleu, dans la commune de Man dit presque la même chose : « Les premiers colons venus dans la région se méfiaient des populations indigènes. Ils cherchaient toujours des zones sécurisées. Cependant, je pense surtout que c’est par imitation que les colons ont choisi de s’établir au sommet du Tonkpi. Car, la quasi-totalité des chefs de villages originaires de Man, qui participaient aux différentes séances de travail avec les responsables administratifs avaient leur village respectif situé à la cime d’une montagne. En s’établissant au sommet du Tonkpi, le colonisateur avait la maîtrise des différents mouvements des populations ».

Un peu plus loin, Louaty Soumahoro, actuel chef de village de Dingouin, une localité située à 6 km du chef- lieu de la sous-préfecture de Biankouma, âgé de plus de 80 ans, cheveux grisonnants, instituteur à la retraite, celui qui a vécu dans le cercle familial restreint du gouverneur Pierre Joseph Auguste Messmer souligne : « À la dimension sécuritaire, il faut ajouter le climat atypique au sommet du Tonkpi. Un climat unique en son genre en Côte d’Ivoire, qui rappelle aux Européens, celui de la France ».

« Le gouverneur Pierre Messmer ne résidait pas en permanence au sommet du Tonkpi. Il s’y rendait une fois par semaine, selon son agenda. Il n’y allait pas seul. Il était presque tout le temps accompagné par d’autres amis européens. Avec pour principal objectif : se détendre, et surtout respirer l’air frais et léger du sommet du Tonkpi. Par ailleurs, c’est également, ce climat particulier au sommet du Tonkpi, qui a donné l’idée de l’exploitation agricole du sapin, du quinquina, des plantes de thé et d’autres plantes exotiques au gouverneur Pierre Mesmin.»

Témoignage sur l’avant-dernier gouverneur

« La résidence principale des gouverneurs, à l’époque coloniale, est l’actuel local qui abrite la Présidence de la République de Côte d’Ivoire, dans le quartier Plateau à Abidjan. Petit ramasseur de balles du gouverneur Pierre Messmer, j’étais de presque tous les voyages à Man, au sommet du Tonkpi. Le gouverneur Pierre Messmer aimait beaucoup jouer au ping-pong les après-midi et j’étais son principal ramasseur de balles. Je me souviens, j’étais encore écolier. De la résidence du gouverneur au Plateau (Abidjan), je me rendais à l’école primaire privée « Go Boni Alphonse » à Treichville.

« Mon oncle Gba Sadia a, pendant plusieurs décennies été le cuisinier principal des gouverneurs qui se sont succédé en Côte d’Ivoire pendant la période coloniale, ce, jusqu’en 1960. C’est lui qui a favorisé mon introduction dans le cercle familial du gouverneur Pierre Messmer. Un administrateur travailleur, gentil et très généreux qui, à la veille des fêtes de Noël et de Nouvel An partageait un repas d’ensemble avec la presque totalité des chefs de canton et de villages. Chacun d’eux rejoignait son village respectif avec un cadeau de la main du gouverneur. À moi, de nombreux présents ont été offerts. Mais, je retiens qu’à chacune des rentrées scolaires, le gouverneur m’offrait : une chaussure fermée, un cartable et une tenue kaki bien cousue.

« C’est ici le lieu d’éclairer la lanterne des uns et des autres. Pierre Mesmin n’a pas été le dernier gouverneur français en Côte d’ivoire. Pierre Messmer a quitté la Côte d’ivoire en 1955, avec pour destination Dakar, capitale du Sénégal, mais également capitale de l’Afrique occidentale française (AOF). Il rejoindra sa France natale peu avant 1960, date de l’indépendance du Sénégal.

Avec lui, son cousin Seydou Soumahoro, l’unique enfant africain que le couple a adopté ». En 1955, il sera remplacé par le gouverneur Pierre Lamy.»

Honoré Droh

Correspondant régional à Man
Lebanco.net

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