Flambée des prix / Face aux députés Pdci: Des associations de consommateurs accusent les intermédiaires et les réseaux mafieux

Le groupe parlementaire Pdci-Rda sous l’impulsion de son porte-parole Yasmina Ouégnin rencontre depuis quelques jours les groupes sociaux organisés afin de comprendre certains maux qui minent la société ivoirienne dans sa diversité.
Après les industriels qui vivent directement les conséquences des délestages électriques, ce groupe de députés a été reçu jeudi par des associations de consommateurs. Au Plateau, à Adjamé et en zone 4, ils ont pu échanger sans tabou avec des organisations de consommateurs dont la Fédération nationale des associations de consommateurs de Côte d’ivoire de Soumahoro Ben N’Faly et l’Union fédérale des consommateurs de Jean-Baptiste Koffi.
Les députés ont voulu comprendre la vie de ces organisations, leurs actions sur le terrain, les interactions avec le gouvernement et surtout les facteurs du marché qui font flamber les prix.

Que ce soit Ben N’faly, que ce soit Jean-Baptiste Koffi, tous ont expliqué que les organisations qu’ils dirigent vivent sans grands moyens financiers, vu qu’elles ne bénéficient pas de subventions de l’état. Mais, relèvent-ils, leurs courage et détermination permettent de gagner bien des combats. Quant à la flambée des prix en cas de chocs économiques comme le Covid 19 et à présent le délestage, Ben N’faly a pointé du doigt les mafias « contre qui personne ne peut rien ». Selon M. N’faly qui a longuement expliqué les agissements de ces mafias, les augmentations constatées çà et là sont de leur fait. Dans le transport, dans la distribution de la viande et dans bien d’autres secteurs vitaux. Il accuse également les intermédiaires dont l’activisme génère les faux frais. C’est l’exemple dans le secteur de la viande. Selon Ben N’faly, la viande est livrée à 1800 FCFA le kilogramme à l’abattoir. Mais, du fait des intermédiaires, le prix du kilogramme au consommateur s’élève aujourd’hui à 2.500 voir 3000 F sur certains marchés. Le prix de la viande, révèle-t-il, est aussi tributaire des taxes et autres faux frais. Il cite notamment le coût de l’abattage à la machine qui est passé de 5000 FCFA à 17.000 FCFA par bête. Un coût que les grossistes et détaillants répercutent sur les prix même en cas de panne des machines d’abattage.
Mais, en tout état de cause, M
N’faly pense que les consommateurs constituent eux-mêmes la principale cause de la hausse des prix et du commerce en Côte d’ivoire. « Le problème aujourd’hui, c’est nous-mêmes les consommateurs. Nous avons un pouvoir de boycott que nous n’exerçons pas assez », fulmine-t-il.

En réaction, des députés ont accusé le mouvement des consommateurs en Côte d’ivoire de se faire souvent complice du gouvernement en adhérant à des structures étatiques qui étranglent leur vraie indépendance. « Nous ne sentons pas l’impact de vos actions sur le terrain », a rétorqué un autre député. A ce niveau Ben N’faly répond que le mouvement des consommateurs en Côte d’ivoire n’est ni un syndicat, ni un adversaire du gouvernement. « Nous avons un rôle transversal consistant à remonter les problèmes que nous rencontrons sur les marchés et nous sommes une association ouverte. On aura une solution lorsque les consommateurs ivoiriens comprendront que leurs actions peuvent jouer sur les décisions du gouvernement « , indique Ben N’faly.

Tirant quelques conclusions de cette rencontre, la députée Yasmina Ouégnin s’est dite convaincue qu’il y a une prise de conscience qui n’est pas encore une réalité chez le consommateur ivoirien. Pour elle, il y a une nécessité à s’engager pour l’action collective.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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