À Abengourou en Côte-d’Ivoire insécurité et prostitution dans le sillage des chercheurs d’or

Traoré Moussa

« Des jeunes filles d’Abengourou que j’ai perdues de vue depuis plusieurs mois, je les ai retrouvées à Ehuasso en train de se prostituer ». C’est la confidence que nous a fait un employé du bâtiment. Selon celui-ci, les sites d’orpaillage du village d’Ehuasso sont devenus des lieux de prostitution sexuelle. « Les filles de joie ont construit des habitations de fortune faites de planches et de plastique noir à la lisière des sites aurifères pour exercer leur métier. La passe varie de 10 000 à 20 000 francs, selon que le client utilise le préservatif ou pas. La nuit avec une prostituée coûte entre 100 000 voire 150 000 francs, selon que la péripatéticienne est jeune claire ou adulte de tous teints. Certaines se sont prostituées jusqu’à pouvoir construire des maisons dans les villes environnantes », nous a confié un électricien qui exécute plusieurs fois des travaux à Ehuasso.

Outre des Ivoiriennes, des filles de plusieurs nationalités, notamment du Ghana, du Togo et surtout du Nigeria exercent le plus vieux métier du monde à Ehuasso, aux dires de notre informateur. Le secteur de la prostitution serait même très organisé avec des proxénètes qui vont chercher les professionnelles du sexe depuis le Nigeria et souvent dans des pays limitrophes. « Des prostituées ont des patronnes. C’est un secteur bien organisé. Tout se passe au vu et au su de tous » nous a confié une source bien introduite. Puis, ladite source a révélé qu’un chef traditionnel a été même surpris dans le lit d’une prostituée nigérianne. Sacrilège ! La note aurait été salée pour cette tête couronnée qui, dit-on, pour éviter d’être la risée et essuyer la honte des populations, se serait acquittée d’une forte somme d’argent payée à sa cliente d’un soir.

Une république dans la République

Selon toujours notre source, les prostituées nigérianes seraient très organisées à Ehuasso. Elles célèbrent du reste avec faste, les festivités marquant l’indépendance dans leur pays. « Ce jour-là, Ehuasso est en ébullition. Un défilé impressionnant des prostituées nigérianes éclaire la cité d’or. C’est une république dans une autre République » a confessé un habitant d’Ehuasso que nous avons rencontré à Abengourou.

À côté de la prostitution, l’insécurité reste une véritable préoccupation dans les sites d’orpaillage. Chaque saison, des morts suspectes sont enregistrées dans les trous aurifères. L’année dernière, un jeune footballeur ayant décidé d’aller faire fortune à Ehuasso, a été retrouvé mort dans la rivière Manzan. Quelques années plus tôt, d’autres décès auraient été notifiés. Dans le même temps, l’opération enclenchée par l’Etat contre les orpailleurs, a permis de saisir plusieurs tonnes de chanvre indien à Ehuasso.

Comme on le voit, tous les ingrédients sont réunis pour faire des sites d’orpaillage de la région de l’Indénié-Djuablin de véritables poudrières qui risquent de s’exploser tôt ou tard, si rien n’est fait.

Traoré Moussa
Lebanco.net

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