(Opinion) Pourquoi les charlatans n’ont pas pu sauver la vie du PM Hamed Bakayoko

Par T. Briga

L’arrivée du Président Gbagbo en Côte d’Ivoire suscite beaucoup d’espoirs pour la
réconciliation et la paix ignorées par ceux qui, à la faveur d’une rébellion y
occupent le pouvoir sans partage.


Avant cette arrivée qui agite le landernau politique du pays, il paraît opportun de
dénoncer la supercherie de l’image « d’homme de bien » attribuée à Hamed
Bakayoko et de déconstruire le brouhaha le présentant comme un » bienfaiteur » de
l’humanité. Un homme généreux entend-on ici et là. Heureusement que le temps
s’est écoulé depuis, et l’hystérie engendrée par sa disparition jugée brutale par ses
adorateurs, semble s’être calmée pour laisser place à la réflexion et au triomphe de
la raison, du moins on peut l’espérer.
Certes, la mort d’une personne ne peut qu’attrister, dès lors que c’est notre finalité
à tous, mais en faire tout un pataquès ne peut que désoler. Tenter de modérer la
frénésie des obligés d’Hamed Bakayoko qui veulent hisser cet ancien rebelle sur le


même piédestal que le pape Jean-Paul II, ne saurait être considéré comme
superflu.


Ses adorateurs ne sont pas loin de crier le « Santo subito » que clamaient des
foules de fidèles catholiques lors du décès de Jean-Paul II. Ils feignent d’ignorer
que l’homme pouvait couver une lâcheté et être niais au point de croire que des
charlatans dont un certain BakayokoAwaza, pouvaient lui permettre de devenir


président. Quelle légèreté d’esprit !

Heureusement que tout est fugace ici bas. Les choses futiles finissent toujours par
s’effacer de la mémoire collective. L’histoire d’Hamed Bakayoko suivra à n’en
point douter ce cheminement.


Il s’aplatit devant le viol de la constitution.


Que les proches d’un défunt, touchés par le chagrin puissent dans leurs peines
succomber à l’émotion et idolâtrer le disparu, peut paraître compréhensible. Mais
que ces derniers et quelques excités veuillent persuader des personnes qui ont
vécu les manigances, les ruses et la cruauté du disparu et en portent encore les
séquelles relève d’une insulte. Membre actif de la rébellion, son rôle et son apport
ont été déterminants dans la décadence actuelle de la Côte d’Ivoire.

H. Bakayoko, imposé au Président Gbagbo par les accords léonins de Marcoussis,
comme ministre de la communication « (NTCI), a mis tous les moyens de ce
ministère au service de la rébellion pour lui indiquer les positions des forces
armées loyales (FDS).


À la fin, Sarkozy a installé la rébellion au pouvoir. Elle s’y maintient d’ailleurs
toujours, sans se soucier d’une quelconque légalité. De son vivant on n’a pas
connu à H. Bakayoko de prises de positions publiques courageuses. À l’instar de
tous les lâches, dominés par la peur et la crainte de décevoir, il a préféré s’aplatir

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devant le viol de la loi fondamentale pour un troisième mandat anticonstitutionnel
de Dramane.
Il est demeuré également et surtout inaudible sur les questions de la
réconciliation. En tant que « premier ministre » il est devenu muet et aveugle quand
des voyous appelés microbes, créatures de la rébellion, assassinaient les opposants
au troisième mandat.
D’ailleurs au plus fort de la lutte de ceux qui combattaient cette tricherie et y
laissaient pour certains, leurs vies, » le généreux H. Bakayoko » est sorti de sa
torpeur pour aller dans le sens du violeur de la constitution. « Tout était bouclé
que Dramane n’avait rien à craindre, car il était déjà élu » clamera-t-il.
Etait-il un narcotrafiquant ou un simple homme de paille ?
L’ancien rebelle Hamed Bakayoko est décédé, le voici sanctifié. Pour illustrer sa
générosité, on a sorti de la naphtaline des histoires toutes loufoques les unes que
les autres pour donner de lui l’image d’un « homme de bien ». Ses flagorneurs se
livrent à une surenchère d’éloges.
Dans cet exercice, on trouve successivement une anonyme du Hambol, un
tenancier de bar et enfin le mangeur à tous les râteliers; un certain Méambly
Évariste.
L’anonyme du Hambol.

  •  » Au cours de la rencontre avec la communauté du Hambol . Vers la fin de la
    cérémonie, le Ministre d’Etat observais une jeune fille dans le publique. Il lui fait
    appel , elle approche avec étonnement , elle se dit sûrement c’est pas d’elle qu’il
    s’agit. Mais le Ministre insiste , elle fini par le rejoindre. « Comment tu t’appel ?
    lui demande le Ministre d’Etat . Elle donne son nom. « Tu fait quoi dans la vie ? »
    Elle : « je ne fait rien depuis mon récent mariage » Devant toute l’assistance le
    ministre lui dit « Ok, c’est ta chance , je t’ai vu dans le publique, tiens 500 mille,
    il faut entreprendre quelques chose .. » La jeune fille tombe et commence à
    pleurer. (Texte repris in extenso, dans First Magazine du 10 août 2018.)
    Le tenancier du bar.
  • Un tenancier de boîte de nuit du nom de « Le Gros Bedel » raconte comment
    Hamed Bakayoko lui a téléphoné et lui a fait transmettre la somme de trois
    millions de francs. (Source Afrik-Mag du 15 mars 2021.)
    Méambly un indigent qui passe ses vacances en Suisse !
  • Enfin, Méambly Évariste, un autre pique-assiettes dont la mort du jeune Yéhi
    Brice Siessou à son domicile dans des conditions troubles, demeure à ce jour non
    élucidé, ajoute son grain de sel : « … il m’avait agréablement surpris, en me faisant
    parvenir une coquette somme d’argent alors que j’étais allé en vacances en Suisse
    avec toute ma famille … ». (Source : Linfodrome du 20/03/2021.)

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Ces laudateurs ne se sont jamais interrogés sur l’origine des fonds qu’il distribuait
à tous vents. Même la somme des budgets des nombreux ministères qu’il dirigeait,
ne suffirait pas pour satisfaire cette faune de suiveurs.
H. Bakayoko, homme de paille ?
Accusé par les journalistes Ibekwe Nicholas et Daan Bauwens du journal ou du
Site « Vice » d’être le mexicain Joaquín « El Chapo » Guzmán ou le colombien
Pablo Escobar de la côte ouest de l’Afrique, en d’autres termes, un
narcotrafiquant de premier plan, H. Bakayoko et le gouvernement auquel il
appartenait n’ont pas osé s’attaquer aux pourvoyeurs de cette information, mais
plutôt aux menus fretins qui l’ont relayée.
Depuis son décès, cette histoire semble n’avoir jamais existé. On peut donc
s’interroger si H. Bakayoko n’était pas un simple pion, visible d’un système
gangrené à tous les étages par ce trafic. Car qui peut croire que H. Bakayoko
aurait été le seul organisateur et bénéficiaire d’un tel trafic sans que le sommet de
l’Etat ivoirien n’en soit informé ou complice ?
Sa mort ne semble pas avoir interrompu ce juteux mais illicite commerce. Ceux
qui utilisaient H. Bakayoko comme leur homme de paille dans ce trafic, ont
probablement réorganisé la filière et préfèrent désormais se comporter comme des
cloportes pour mieux en profiter.
L’usage à tort du nom du Président Gbagbo.
Malheureusement des hypocrites, passés dans l’art de propager des flots d’éloges
immérités et douteux n’ont pas hésité à falsifier l’histoire pour l’adapter à leur
fantasme. Le but recherché, dissimuler les actes ignobles de ce type qui est
devenu premier ministre non point par ses compétences mais pour avoir trahi et
porté le glaive dans le dos et le ventre de la République.
Ces hypocrites sous des prétextes divers, utilisent la notoriété du Président
Gbagbo ainsi que son charisme pour les associer aux noms de ces fossoyeurs de la
République. Ainsi Wattao et Hamed Bakaoyoko deviendraient des « bienfaiteurs »
de l’icône Gbagbo.
Les faux prétextes.
Le rebelle Wattao aurait passé une chemise au Président Gbagbo, lorsque l’armée
française a envahi son palais et remis ses occupants dont et surtout le Président
Gbagbo aux rebelles.
Pour faire oublier les actes déloyaux d’Hamed Bakayoko envers le pouvoir légal
du Président Gbagbo, un nouvel évangile a vu le jour. Il aurait résolu le problème
des passeports du Président Gbagbo, avec lequel par ailleurs dit-on il serait en
bons termes. On ignore toutefois, combien de fois il a rendu visite au célèbre
prisonnier à la Haye, on ne l’a pas entendu non plus condamner sa déportation.
Certains s’appuyant sur ces artifices, ont cru bon de clamer que la mort de ces
deux rebelles serait due à des empoisonnements, conséquences de leur proximité
supposée d’avec le Président Gbagbo.

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Le désordre créé par la rébellion a permis à une clique d’ignorants d’être promue.
Parvenus à ces hautes fonctions sans avoir fait montre de compétences réelles, ils
ont cru et croient sans doute encore que leurs succès n’ont été rendus possibles que
par les pouvoirs mystiques de leurs charlatans.
Ainsi les rebelles ont cru bon d’instaurer un nouveau paradigme (modèle) de
société, basé sur l’obscurantisme, les superstitions et de l’imposer à la société
ivoirienne, d’où la naissance d’une république de marabouts.
La république des charlatans.
Dramane prévoyant de confier le pouvoir à un membre de sa famille (Téné
Birahima) a modifié subrepticement l’article 55 de sa constitution de 2016.
Dorénavant le président élu « choisit » son vice président de façon
discrétionnaire. Ce dernier n’est plus élu. Confère modification art. 55 publiée
au journal officiel ivoirien du 19 mars 2020.
Après avoir pris ces précautions, il a fait courir le bruit qu’il renonçait à un
troisième mandat auquel de toute façon, il ne pouvait plus prétendre légalement.
Les naïfs, genre Hamed ont cru que leur heure de gloire venait de sonner. Ils n’ont
jamais imaginé qu’il pouvait s’agir d’un piège, un appât pour dénicher les
ambitieux afin de mieux les anéantir.
Ne comptant que sur le surnaturel, il s’est précipité pieds joints dans le piège de la
succession. ll aurait fait appel à une cohorte de sorciers pour arriver à ses fins.
Malheureusement la puissance accordée à ces gugusses, relevait en réalité du
faux, et de l’intox et ne servait qu’à gruger les naïfs pour leur soutirer un
maximum d’argent. La crédulité d’Hamed Bakayoko en faisait dans le cas d’espèce
une proie toute désignée.
Le choix de Gon Coulibaly.
Malgré ces marabouts et leurs supposés pouvoirs, le choix s’est porté contre toute
attente pour Hamed Bakayoko, sur Amadou Gon Coulibaly à la santé chancelante,
pour lui succéder. Sonné de n’avoir pas été choisi, Hamed Bakayoko a perdu toute
raison et sa superbe.
Sur ces entrefaites, Gon Coulibaly déjà gravement malade disparaît. Le plan de
Dramane n’ayant pas abouti, le voici lui-même candidat. H. Bakayoko qui croit
que ce sont ses fétiches qui ont eu raison de Gon, recourt à nouveau en vain à eux
pour solliciter que le même sort soit réservé à celui qui lui barre le chemin à
savoir Dramane Ouattara lui-même.
Malheureusement c’est lui qui succombe. Pas d’autopsie publiée, mais les
coupables sont immédiatement désignés. Le poison, la sorcellerie… Eh oui, en
république des charlatans le cerveau n’est pas trop sollicité, car sa capacité de
réfléchir est atrophiée. On préfère y privilégier les raisonnements simplistes.
Le règne de l’obscurantisme.

5/5

Réputé bon vivant, homme de fêtes en tous genres avec des excès, survivances de
son passé de loubard, son mode de vie passé et actuel n’est pas interrogé sur les
causes de son décès. La rumeur a simplifié l’équation. Sa mort serait l’oeuvre des
puissances occultes, de poison ou la vengeance probable des sorciers de Gon
Coulibaly…
On peut toutefois regretter qu’avec la kyrielle de fonctions qu’il a occupées grâce à
la rébellion, la colossale fortune à l’origine douteuse qu’il laisse comme héritage,
les moyens ne lui manquaient pas pour payer afin de bénéficier des progrès de la
médecine moderne. Mais il a sans doute cru que son salut se trouvait chez ses
devins. Obscurantisme quand tu nous tiens !
La mort d’Hamed Bakayoko ou les limites de la sorcellerie.
Sa mort ne manque pas d’interpeller sur la puissance réelle ou supposée de ses
imposteurs. Ces médiocres charlatans à qui on accorde une implication à tort dans
le décès de Gon, n’ont pas réussi à protéger leur poulain. Et pour cause.
Dans les faits ce sont des escrocs qui ne possèdent pas les pouvoirs dont ils se
réclament. Ces prétendus sorciers se sont trouvés dans l’incapacité d’imposer
Hamed Bakayoko comme président de la Côte d’Ivoire. De surcroît ils n’ont pas
pu sauver la vie du pauvre H. Bakayoko, l’ancien rebelle.
À supposer que de telles puissances existent ou aient existé en Afrique, on a du
mal à expliquer et à comprendre comment le continent s’est trouvé soumis par des
colons.
Tout comme la sorcellerie et les fétiches n’ont pas réussi à épargner au continent
africain d’être sous le joug d’envahisseurs venus d’ailleurs, feu l’ancien rebelle H.
Bakayoko n’a pas été sauvé par ses devins.
Dans l’aventure Hamed Bakayoko s’est fait délester de plusieurs millions de francs
au profit de ses supposés sorciers sans qu’il se rende compte qu’il s’agissait d’un
contrat de dupes dans lequel il ne pouvait qu’être indubitablement perdant. Ainsi
va le monde des bonimenteurs et de leurs victimes.

Une contribution de Tibeu Briga

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