Soro condamné à l’errance ?

Une âme sans doute condamnée à l’errance, loin des siens! C’est à ce triste sort que semble, à présent, réduit l’ancien Premier ministre ivoirien, dont l’exil interminable risque de se transformer en voyage sans retour. Poursuivi avec dix-neuf de ses partisans pour « complot », « tentative d’atteinte à l’autorité de l’Etat ainsi que pour « diffusion et publication de nouvelles fausses jetant le discrédit sur les institutions et leur fonctionnement, ayant entraîné une atteinte au moral des populations », Guillaume Soro vient, en effet, d’être condamné à perpétuité pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». La peine a été prononcée le 23 juin dernier à Abidjan, à l’issue d’un procès débuté le 19 mai dernier. Certainement abasourdi par la nouvelle, l’ancien président de l’Assemblée nationale ne peut plus que constater les dégâts : des carottes totalement cramées pour lui, et un avenir politique littéralement réduit à néant. Après ce verdict, quel espoir cet homme qui a toujours rêvé d’un destin national et qui trépignait d’impatience de décrocher le saint Graal, a-t-il encore de rentrer au bercail, au moment même où, sur les bords de la lagune Ebrié, l’on agite les grelots de la réconciliation nationale qui semble tenir à cœur le président Alassane Dramane Ouattara ? De toute apparence, les chances sont bien minces. D’autant que les ponts sont depuis longtemps rompus entre les deux hommes qui ne veulent plus se voir, même en peinture. Certes, le pouvoir en place aura beau jeu de claironner qu’il n’a pas à se mêler des affaires judiciaires et que, ce faisant, il est totalement étranger au verdict prononcé à l’encontre de Guillaume Soro.

Guillaume Soro ne devrait s’en prendre qu’à lui-même

Reste que les rapports entre ce dernier et son ancien mentor devenu son ennemi juré, auraient été moins exécrables, que le natif de Ferkessédougou aurait sans doute lui aussi empoché son ticket pour embarquer dans le train de la réconciliation nationale en marche depuis quelque temps. C’est dire si ce qui arrive au leader du GPS (Générations et peuples solidaires) n’est pas surprenant. Mais après tout, Guillaume Soro qui passe aujourd’hui pour être le grand oublié de la réconciliation nationale, ne devrait s’en prendre qu’à lui-même. Car, entré en conflit ouvert avec ADO, Guillaume Soro a multiplié les provocations et autres attaques depuis l’exil, hypothéquant ses chances de se rabibocher avec un adversaire face auquel il ne fait pas le poids. Quand on a affaire à plus fort que soi, la sagesse commande qu’on prenne toute la mesure de ses forces avant d’engager tout combat sous peine de courir à sa perte. En cela, on peut dire que le président du GPS a manqué d’intelligence politique qui, dans le cas d’espèce, n’est pas sans conséquences. Il est, en tout cas, certain que les affronts de Guillaume Soro à l’endroit de ADO sont restés en travers de la gorge de ce dernier. A trop se montrer pressé, on finit par se griller les ailes. Guillaume Soro peut désormais faire sienne, cette leçon de vie. Il apprend aussi à ses dépens que « qui veut aller loin, ménage sa monture ». Mais en plus, dans le cas d’espèce, il faut y aller avec tact et intelligence sous peine de devoir rendre des comptes en passant par la case Justice.

Source: Le pays

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