Daoukro Côte-d’Ivoire: Le tête-à-tête Bédié/Gbagbo sous le signe de la reconnaissance

Visite à Daoukro / Gbagbo d’accord pour une réconciliation dans « la vérité qui guérit »

Laurent Gbagbo est arrivé à Daoukro samedi 10 juillet sous le coup de 17h à l’issue d’un voyage mouvementé tout le long du parcours. Le long cortège de véhicules a été accueilli à l’entrée de la ville par une foule immense composée à majorité de jeunes qui tenaient à voir ce Gbagbo dont on parle depuis ces dernières années. Leur soif ne sera pas étanchée. Laurent Gbagbo est resté dans son véhicule de commandement sans mettre pied à terre jusqu’à la résidence de son hôte, le président Bédié. On lisait la désolation sur leurs visages.

Dans la vaste cour du président Bédié qui a pu avaler tout le florilège de voitures, le décor était bien planté avec le président Bédié en première ligne pour faire le traditionnel Akwaba à son visiteur du jour.
Dans les échanges de nouvelles qui suivent, il est revenu au président du conseil régional Traoré Adam Kholia de dire le mot de bienvenue au nom des populations de l’Iffou. De sa voix d’autorité, il adresse des mots bien choisis à Gbagbo pour la douleur de l’enfermement qui fût la sienne et pour cette visite fraternelle qu’il entreprend. Il ne manque pas de tresser des lauriers au président Bédié qui dit-il, aura œuvré pour l’acquittement et le retour au pays de l’ancien prisonnier de La Haye.

Suivra l’annonce des dons à l’hôte de marque. Un bélier blanc et deux pagnes kita.

Bédié ne dira pas mot. Invité à prendre la parole pour donner ses nouvelles, Laurent Gbagbo, fidèle à son ton et à son humour, ne tarit pas de paroles de gratitude à l’endroit du patron du Pdci. Il évoque des souvenirs de ses années d’opposant pour flatter les valeurs de fraternité dont a toujours fait preuve le premier des héritiers politiques d’Houphouet. Il se souvient surtout de la campagne pour la présidentielle de 1990 quand, de passage à Daoukro, il s’était vu remettre des présents de Bédié qui bien qu’absent de la ville ne lui avait pas fait obstacle.
Laurent Gbagbo s’est limité à quelques généralités dans les relations entre les animateurs de la vie politique donnant au passage quelques petits coups aux tenants actuels du pouvoir sans jamais les citer nommément.
De la réconciliation devenue un sujet majeur en Côte d’ivoire, l’ancien président a laissé entrevoir sa bonne disposition à y travailler. Mais cela, dans la vérité et le respect des textes, une option qui lui est chère.

« En venant voir le président Bédié chez lui est un acte de réconciliation et de reconnaissance. (…) Il ne faut pas beaucoup pour qu’il y’ait la réconciliation, il faut se dire les vérités pour qu’elles soignent et non blesser.
On ne dit pas les vérités pour qu’elles blessent mais pour qu’elles puissent guérir », a déclaré Laurent Gbagbo. Puis l’ancien président de relever que le problème en Afrique et en Côte d’ivoire particulièrement, reste le respect des textes qu’on se donne librement. « On écrit des textes et on les froisse », s’indigne Gbagbo. Il ne manque pas de rappeler les douloureux événements de Daoukro qu’il dit avoir suivi de Bruxelles. Ces événements de la crise du troisième mandat avaient abouti à la décapitation d’un jeune ici à Daoukro. La vidéo de cette horreur avait fait le tour du monde. Sur le coup Gbagbo accuse à mots couverts tous « ceux qui se revendiquent d’Houphouet » et qui font « ce que Houphouët n’a pas fait ». Tacle ravageur.

Au total, c’est un Laurent Gbagbo reconnaissant et fraternel qui s’est adressé à son auditoire qui réagissait par moment par des salves d’applaudissements. Il a promis de parler. « Je parlerai le moment venu », dit-il.

SD à Daoukro
sdebailly@yahoo.fr

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