Conférence sur la Problématique de la réconciliation/Université de Cocody: Dr Bamba Bouaké était face aux étudiants

« Quelle est la place de l’étudiant dans la réconciliation nationale ? » C’est le thème de la conférence organisée jeudi à l’Ufr Sciences de l’homme et de la société (Shs) de l’université Houphouët Boigny de Cocody. Initiée par la Fesci section Shs, cette conférence avait pour but d’instruire les étudiants de cette Ufr et au-delà, sur le rôle qui doit être le leur dans la construction nationale et dans l’avènement d’une société stable.

La Côte d’ivoire minée ces dernières années par une grave crise sociale et politique a vécu une guerre qui a considérablement déchiqueté le tissu social. La paix revenue, comment arriver à recoller les morceaux ?

Pour résoudre cette problématique, l’enseignant chercheur Dr Bamba Bouaké chargé de cours de psychologie dans ladite Ufr a exposé deux axes de réflexion. Comment l’étudiant s’approprie la réconciliation et pourquoi celle-ci doit être le leitmotiv de tout étudiant ?

En définissant la réconciliation comme œuvre de rapprochement d’adversaires au sortir d’une situation conflictuelle, le conférencier arrive à la déduction que cette catégorie de jeunes (les étudiants) a un rôle prépondérant à jouer. « Vous, étudiants, ça vous intéresse parce que vous êtes jeunes. Quand on veut brûler les bus c’est vous qu’on envoie. Quand on veut abattre des bois pour barrer les routes, c’est encore vous », relève Dr Bamba en guise d’illustration de l’implication des jeunes dans les violences qui surviennent. Poursuivant son argumentation, il interpelle les étudiants en ces termes : « La réconciliation vous intéresse parce que vous êtes étudiants c’est-à-dire que vous êtes les éclaireurs de la société, vous êtes l’élite et vous êtes écoutés. Donc quand vous êtes réconciliés, quand vous parlez de réconciliation, cela rejaillit sur toute la communauté. Vous êtes plus écoutés que vous ne croyez. Quand vous parlez, on dira que l’étudiant a dit. Car à la vérité, les mots ont un poids affectif et n’ont de valeur que par celui qui parle ».

Dr Bamba s’est réjoui de l’attitude du bureau national de la Fesci face à la crise politique de 2020. Pour lui, une fois n’est pas coutume, la Fesci a fait preuve de sagesse et de maturité en observant une attitude de neutralité arguant que sa seule préoccupation demeurait la résolution des problèmes de l’école et non des problèmes politiques. « Si la Fesci avait tenu un autre message que celui-là, on en serait pas là aujourd’hui « , soutient Dr Bamba qui reste convaincu que les grandes crises sociopolitiques commencent dans les universités. Pour cette raison, il a invité les autorités à être attentives aux revendications des étudiants en réglant chaque fois les problèmes soulevés.

En définitive, il a prodigué des conseils sur ce que doit être l’attitude de l’étudiant aujourd’hui dans la stabilité sociopolitique. Ils doivent s’investir, suggère- t-il, dans leurs études. Pour étayer son assertion, Il puise dans la théorie du capital humain selon laquelle l’école est un investissement qui consiste à renoncer à aujourd’hui pour récolter abondamment demain.

« La réconciliation c’est pour vous, c’est pour la jeunesse car un environnement apaisé, c’est le développement économique pourvoyeur d’emplois », fait-t-il valoir en demandant aux étudiants de se départir des concepts nationalistes visant à s’identifier par les noms et l’appartenance multiséculaire au pays que par la compétence. « Considérez d’abord l’ivoirien que d’opposer les ethnies. Il faut prendre conscience et voir notre voisin en frère. Quand le critère de sélection n’est pas basé sur la compétence et qu’il est basé sur la couleur et le nom, les compétences nous fileront entre les mains. (…) L’histoire de la construction nationale n’est pas une affaire de « d’où tu viens » mais une affaire de compétence et de « qui aime son pays » », a insisté le conférencier.

Dr Bamba a eu le soutien du bureau national de la Fesci représenté par le secrétaire général de Shs, général Kirina et un influent membre du bureau national le général Magie Magie. Le président de l’université, le professeur Balo Zié qui soutient l’initiative s’est fait représenter par le secrétaire général de l’université. Ce dernier s’est félicité de cette activité intellectuelle qui selon lui contribue à l’apaisement de l’espace universitaire.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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