Remorquage « forcé » des véhicules en panne à Abidjan: La grosse escroquerie des sociétés de dépannage et du District

Le remorquage des véhicules tombés en panne sur les grands axes routiers d’Abidjan, par les sociétés privées de dépannage suscite de nombreux mécontentements de la part des automobilistes. En effet, pas un enlèvement de véhicules en panne ne se fait, sans que cela n’engendre de vives altercations, entre les usagers et les agents remorqueurs de ces sociétés de dépannage.

Lebanco.net

sur les grands axes routiers d’Abidjan, par les sociétés privées de dépannage suscite de nombreux mécontentements de la part des automobilistes. En effet, pas un enlèvement de véhicules en panne ne se fait, sans que cela n’engendre de vives altercations, entre les usagers et les agents remorqueurs de ces sociétés de dépannage.

Factures exorbitantes

« C’est un vol organisé entre le ministère des Transports, le District d’Abidjan et les sociétés de dépannage. Il n’y a aucune assistance de la part de ces sociétés. Tout ce qui les intéresse, c’est de remorquer ton véhicule et de te coller une facture », s’insurge N’Tayé Philomène. Bakayoko Drissa est chauffeur de minicar gbaka. Pour lui, c’est avec beaucoup d’abus que ces sociétés de dépannage opèrent. « Elles ne font pas leur travail correctement. Dès qu’elles arrivent, elles veulent forcément remorquer ton véhicule sans chercher à comprendre la cause de ta panne », regrette-t-il.

L’an dernier, révèle Agnéro Théophile « j’ai fait une crevaison sur l’Autoroute du Nord, un dimanche après-midi. Pendant que je montais mon pneu secours hors de la route, un camion de remorquage se dirige vers moi, avec à son bord trois personnes. Après qu’il m’a questionné, je réponds au chef de l’équipage, que j’avais juste une crevaison. Mais, celui-ci fit la sourde oreille, et demanda aux deux autres de remorquer mon véhicule. Je me suis interposé. Il m’a alors demandé la somme de 25 000 Francs CFA pour me laisser repartir. Après une longue discussion, j’ai dû lui remettre 10 000 F ».

A en croire Goré Bi Mathieu, responsable de la Société de Dépannage Express (SDE), les agents des sociétés de dépannage font leur travail correctement , conformément aux directives du District d’Abidjan. « Quand un usager est en détresse du fait d’une panne sèche, d’une crevaison de pneu ou d’un problème de chauffage, nous lui portons assistance, s’il a les outils nécessaires. Dans le cas contraire, nous sommes obligés de le remorquer vers la fourrière. Mais beaucoup d’automobilistes refusent catégoriquement qu’on les remorque. D’autres nient carrément qu’ils sont en panne, alors qu’ils le sont vraiment. C’est de là, que naissent très souvent, les disputes entre nous », argumente-t-il pour défendre sa corporation.

Plusieurs autres automobilistes dénoncent quant à eux, les montants élevés des contraventions infligées par ces sociétés de dépannage. « Les montants vont de 35 000 à 170 000 F CFA. C’est exorbitant. Vraiment, que le ministère des Transports et le District d’Abidjan, se penchent sur cette question », plaide Keita Fall, chauffeur de camion poids lourds.

Manque de communication

Selon le District d’Abidjan, les montants des contraventions sont fixés en fonction de plusieurs paramètres : le type de véhicule, la période, le poids et le contenu du véhicule. « Le rôle de ces sociétés est d’abord d’assister. Ensuite, de dépanner et de remorquer les véhicules en panne. Les plaintes des usagers sont récurrentes. Cela s’explique par le manque de communication relativement aux règles et tarifs applicables à l’enlèvement des véhicules en panne sur la voie publique. Et, cette méconnaissance des automobilistes est très souvent exploitée par ces sociétés, qui abusent en faisant de la surfacturation. Lorsque nous sommes informés d’un cas d’abus avéré, il est fait obligation à la société mise en cause de respecter la tarification en vigueur », explique N’Zi Thierry, directeur des transports et de la mobilité urbaine du District d’Abidjan, précisant que ces sociétés au nombre de treize officiellement, ne bénéficient plus d’agréments, mais plutôt d’autorisations à renouveler tous les quatre mois, de sorte à déceler celles qui sont véritablement professionnelles.

Système inefficace

Outre ces griefs que ces opérations de remorquage mal menées suscitent au quotidien sur les grandes artères du District d’Abidjan, il y a également ces multiples perturbations, de la circulation. Notamment des embouteillages, des accrochages et accidents. Et cela, aussi bien à cause des longues altercations entre ces remorqueurs et les automobilistes, que du fait de la vétusté des véhicules de remorquage, qui ont beaucoup de mal à effectuer avec la diligence requise, les opérations de remorquage.

On le voit, cette activité qui a été instaurée pour éviter que les pannes des véhicules ne compromettent la fluidité de la circulation sur les grands axes routiers du District d’Abidjan, est loin d’être efficace. Elle gagnerait plutôt à être mieux organisée par les autorités de tutelle .

Boubakar Barry

Commentaires Facebook