Publication de son enquête: Que se passe-t-il entre le journaliste Noël Konan et son patron Assalé Tiémoko ?

L’actualité de ces derniers jours, c’est bien les Pandoras Papers. Une enquête groupée de plusieurs journalistes de différents médias du monde y compris des médias ivoiriens. Parmi ces médias figure l’hebdomadaire d’investigation L’éléphant Déchaîné. Son patron s’est fendu d’un communiqué en réplique à une information qui circulait sur la toile et faisant état de ce qu’il s’opposerait à la publication de l’enquête dans les colonnes de son journal.

Dans ce communiqué, le patron de l’éléphant déchaîné semble mettre en doute la crédibilité de l’enquête. Il a ainsi demandé un complément d’information auprès du mis en cause qui est le premier ministre avant toute publication.

Arguant d’une nouvelle preuve de dernière heure (sic!) impliquant les services de la présidence de la république ou le PM fut secrétaire général. M. Assalé, député-maire d’une bourgade au sud du pays décide d’annuler la publication de l’enquête au lieu de passer la preuve dite de dernière heure sous silence, soit.

Toutes les rédactions ayant participé à cette enquête mondiale avaient donné leur accord pour lancer les publications le dimanche 3 (radio, telé, internet) et le lundi 4 octobre (presse sur papier) 2021.

Le journaliste Noël Konan co-auteur de l’enquête a déclaré sur TV5 avoir passé deux ans à investiguer, donc à demander ces compléments d’information à Patrick Achi. Deux ans que celui-ci roule le journaliste et il n’y a que le fondateur du journal Assalé qui croit que c’est en une semaine que le PM ou ses proches vont apporter les réponses concrètes aux questions du journaliste.

Il a même fini par banalisé l’affaire en déclarant qu’il n’y a rien d’illicite dans ce qui est évoqué par l’enquête.

L’Éléphant Déchaîné nous a pourtant habitués aux enquêtes à rebondissements publiés sur plusieurs éditions du journal à mesure que les parties se prononcent. Il pouvait donc admettre la publication séquencée d’autant plus qu’il ne s’agit pas du produit du seul journaliste Noël Konan. Des tonnes de documents ont été fouillés, décryptés, renseignés et vérifiés par plusieurs confrères avant d’en arriver là.

Assalé n’a peut-être pas tort de vouloir une vérification de plus. Mais quand on est aussi dans un pays où les autorités ont du mépris pour la presse nationale et ses journalistes, il serait peu probable que le mis en cause et ses proches distraient de leur précieux temps pour se soumettre à des préoccupations dérangeantes d’un (petit) journaliste. Pour Noël Konan, ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais un mur infranchissable s’était dressé face à lui dans le déroulement de ses investigations.

Pour ce qui est de la position du patron Assalé, rappelons que le confrère a bien des fois publié de longues enquêtes sur des sujets à la seule initiative de sa rédaction. Souvent à la satisfaction des lecteurs. Très rarement, des procès en diffamation l’ont visé. Pourquoi cette fois, il y a obstruction à un travail qui, plus, est collectif ?

Ce qui est incompréhensible dans l’affaire c’est surtout la tendance du communiqué du patron à discréditer en filigrane le travail de son journaliste. Un angle dont se servent aujourd’hui certains confrères pour démonter une enquête qui n’est même pas encore publiée. Mais dont la seule évocation dérange bien des intérêts.

Noël lui, reste serein comme il l’a déclaré sur TV5 affirmant qu’il ne craint rien et qu’il n’a fait que son travail.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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