Afrique: Quels déterminants pour son développement ?

Par Lacisse Abdou

Afrique, « bon élève du FMI » respecte à la lettre le Plan d’Ajustement Structurel (les réformes imposées), reçoit en contrepartie des Droits de Tirage Spéciaux (DTS), cette monnaie FMI qui retourne aux Firmes Multi-Nationales (FMN). Voici que notre continent est condamné, au grand jour, à ne pratiquer que l’entrepreneuriat de survie avec ses 70 à 80% d’auto-entrepreneurs, qui pallient les insuffisances de l’Etat, alors que nous avons besoin d’industries.
Au regard de cette situation, aucun « sommet » ne résoudra nos problèmes. Ces grandes messes, quelque soit leur format, n’auront pour but que de nous maintenir, nous entretenir dans une forme de survie, grâce à l’aide publique au développement (APD).

En réaction, l’Afrique se doit de conduire une politique plus agressive comme l’ont fait nombreux pays, la Chine, puis aujourd’hui le Vietnam. Nous estimons que le Rwanda emprunte aussi cette même voie. Un tel succès exige que notre continent doit contrôle les Investissements Directs Etrangers (IDE), en détermine l’efficience de leur usage et les modalités afférentes. Les contrats de partage des productions nous sont très défavorables. Il nous paraît primordial de privilégier l’implantation des usines de transformation sur notre sol et réduire la distribution des biens primaires qui ne doit plus constituer notre finalité. Nous savons que les occidentaux n’ont aucune intention de nous apprendre à fabriquer des avions, et encore moins des des automobiles. Leur intérêt étant de nous les faire acheter tout simplement.

Ne soyons pas dupes ! Dans une économie mondiale, où il y a des pays développés, il devient difficile de se développer à l’évidence.

Nos économies nationales désormais ouvertes, au nom de la globalisation qui s’impose à nous, devraient plutôt pleinement profiter des flux de biens et services, des flux de revenus, des flux de capitaux entre nos états organisés dans une ZLECAF (Zone de Libre Echange du Continent Africain). Initiative intéressante, si cette institution n’est pas entravée par les occidentaux, à l’aulne de ce qui est entrain d’être fait pour l’ECO (projet de monnaie unique CEDEAO).
L’ouverture du continent sur le reste du monde comme facteur d’opportunités et aussi de contraintes pour nos économies doit être pensée au travers de nos industries de transformation. Et veiller surtout que les économies du continent deviennent plus dépendantes les unes des autres. Encore mieux, nous devons faire l’option d’une industrie diversifiée pour satisfaire l’essentiel de la demande de notre continent.

Quelle stratégie d’industrialisation doit être la nôtre ?
• Faire le choix d’industries fortement utilisatrice de main-d’œuvre,
• Nous spécialiser dans des productions de haute technologie (se référer à Taïwan qui a démontré cette réussite, se plaçant en concurrent des pays industrialisés),
Nous devons sortir de cette illusion de Start-up nation, de Business Angel que les occidentaux nous attribuent sans réel fondement, juste pour nous enfermer dans l’entrepreneuriat de survie qui caractérise notre économie encore très informelle.

Il est clair que l’occident n’aura aucun intérêt à nous aider à relancer notre économie directement concurrente à la leur. Sans nous maintenir dans une extrême pauvreté, juste à un niveau acceptable, pour continuer d’importer leurs biens incorporant nos matières premières et minerais transformés.

Ces conflits d’intérêts entre pays industrialisés du nord et notre continent perdurent. Les années 1980 ont été l’occasion de bien cerner cette problématique, puisque les pays émergents (Corée du Sud, Hong-Kong, Singapour, Taïwan puis le Brésil et la Chine…) ont dans ce contexte pris leur essor. Ce que nous n’avons point réussi.

Pour notre continent, il devient urgent de revendiquer des règles du commerce international qui nous soient favorables. Ce positionnement est impératif et ne pourra que promouvoir un cadre bénéfique au développement de notre continent.

Lacisse Abdou
Professeur d’économie à
L’académie de Lyon
Consultant

Commentaires Facebook