Décès en Côte-d’Ivoire de l’écrivain Isaïe Biton Koulibaly

Selon plusieurs informations, le célèbre écrivain s’en est allé définitivement dans la nuit du mardi au mercredi.

@edithbrou Décès du célèbre écrivain ivoirien, Isaïe Biton Koulibaly. Mes sincères condoléances à sa famille biologique et à sa famille artistique. Il mérite un HOMMAGE NATIONAL à la hauteur de l’héritage culturel qu’il nous a laissé. Drapeau de la Côte d’Ivoire.

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2 réflexions au sujet de “Décès en Côte-d’Ivoire de l’écrivain Isaïe Biton Koulibaly”

  1. ============ LE BON FILON NE S’EPUISE JAMAIS ! =========

    Connaissez-vous Samuel Mangwana ?

    Fils d’émigrés angolais, ce musicien congolais avait débarqué dans les années 76-77 en Côte d’Ivoire. Samuel parle couramment Lingala, Swahili, portugais, anglais et français….
    C’est un des derniers géants de la Rumba congolaise !

    A Abidjan ville incontournable de la musique africaine à cette époque, le hasard de la vie l’a mis sur les chemins d’un homme d’affaires particulier ! Raimi GBADAMASSI plus connu sous le nom de BADMOS.

    Grâce aux entrées de ce mécène au Nigeria où se trouvaient les meilleurs studios d’enregistrement de la sous-région, Sam Mangwana et son groupe formé sur le tas à Abidjan, feront exploser les compteurs.

    BADMOS le producteur lui avait simplement demandé :
    «Écoute, Sam, moi je veux que tu me fasses quelque chose dans un style qui doit marcher. Pas des trucs trop lents comme au Congo, mais avec ta voix et les guitares comme les Lokassa et tout ça … ». Et le tour fut joué !

    Tous les thèmes sentimentaux seront exploités voire surexploités. De « Suzanne Coulibaly » à « Jaloux Jaloux » en passant « Le chien aboie, la caravane passe… » !

    Effectivement au Nigéria, le groupe entrait le matin dans le studio et enregistrait trois albums dans un enchainement total !
    Le producteur y trouvait son compte, l’orchestre aussi mais le marché local était inondé sous la production des « Cherie Manu è, tu m’as tourné la tête ».

    Des voix s’élèveront en Côte d’Ivoire contre cette surproduction qui casse les prix des autres producteurs ! Les artistes locaux n’en pouvaient plus…Vous comprenez alors l’opportunité des titres « Jaloux Jaloux » et « Le chien aboie, la caravane passe » !

    Sam Mangwana et L’African All Stars se replieront plus trad sur LOME dont le coût de la vie, était jugé plus abordable pour les bons vivants venus du grand Congo !

    Sous un certain rapport Isaïe Biton Koulibaly (IBK) sera à la littérature ivoirienne ce que Sam Mangwana, fut sur le marché musical à une certaine époque.

    Jugez-en par vous-mêmes : Plus de 93 nouvelles, essais et romans publiés à son actif. Qui est plus prolifique que notre défunt IBK (à ne pas confondre avec le Président Malien) dans la sous-région francophone ?

    C’est au demeurant à juste titre qu’en janvier 2005, IBK ouvrira sa propre maison d’édition, Koralivre et rachètera les droits de ses livres à succès !

    ========= COMME UN LONG FLEUVE TRANQUILLE ? =======

    Tout commença à la fin des années 1970, avec La Légende de Sadjo (édité par Centre d’édition et de diffusion africaines, CEDA).

    Mali Sadjo est une thématique qui enflamme la geste des griots dans l’univers Madingue depuis la fin du 19ème siècle.

    De Mah Kouyaté n° 2 au récent featuring réalisé par le collectif Cheick Niang Guitariste, Wally B. Seck & Youssou Dieng, en passant par le duo Toumani Diabaté et Mangala Camara, l’immense Kouyaté Sory Kandia, l’ensemble des grands griots composé de Kandia Kouyaté, Kerfala Kanté, Kassé Mady Diabaté et autres sous le label Mandékalou voire le duo Kandia Kouyate et Youssouf Ndour, MALISADJO est un thème repris au fil des années, chacun y apportant sa touche avec son talent et sa sensibilité personnels !

    Mali Sadjo c’est surtout la célébration d’une amitié indéfectible née sur les rives d’un fleuve (fleuve SENEGAL) à Bafoulabé, au Mali.

    Mali SADJO magnifie l’amitié mais élève à très grande hauteur, LE RESPECT DE LA PAROLE DONNÉE.

    Amour, fidélité, trahison le territoire littéraire de IBK était balisé à jamais. Sa pirogue ira sereinement sur le fleuve jusqu’à cette mer d’ouvrages qu’on comptabilise aujourd’hui.

    Bafoulabé est une commune située de part et d’autre du fleuve. En réalité à Bafoulabé ce sont deux rivières le Bafing et le Bakoye qui se rejoignent pour former le fleuve Sénégal. D’où le nom en malinké de Bafoulabé.

    C’est donc par ce thème très éducatif en soi de l’amitié et du respect de son engagement que IBK ouvrira son compteur. A la même époque où un Laurent Koudou GBAGBO publiait son « Soundjata Lion du Manding » chez le même Editeur CEDA !

    MALIBA ! Curieuse et éternelle source d’inspiration… pour les auteurs ivoiriens !

    A cette époque, écrire un manuscrit était une chose, le voir publier était une autre. Les auteurs édités se comptaient sur le bout des doigts.

    Si le fleuve Sénégal à BAFOULABE est tranquille, si le BAC va et vient sans heurts majeurs, la vie des écrivains par contre en Coté d’Ivoire dans les années 70 n’était pas un long fleuve tranquille.

    ============ LE PARCOURS DE COMBATTANT ============

    Deux grandes maisons d’édition dominaient la scène : LES NEA en 1972 crées par Senghor et le CEDA par Félix Houphouët BOIGNY dès 1961.

    Il était très courant de retrouver des annotations de ce type sur les manuscrits des aspirants auteurs :
    – Conglomérat de jurons stylistiques et grammaticaux ! Manuscrit non retenu par le Comité de Lecture.
    – L’auteur viole la syntaxe et malmène le lexique. Nous lui recommandons une inscription à l’Université pour des cours de perfectionnement de la langue.

    Voici comment des milliers de manuscrits se retrouvaient à la poubelle sinon en enfer et au purgatoire. Je cite ici Bernard Zady Zaourou, Maitre de Conférence de Stylistique et de Poésie (Ivoire Dimanche n° 703 du 29 Juillet 1984).

    Des auteurs de renom voire des universitaires comme Tidiane DEM, Jean Marie ADIAFFI, Gnaoulé OUPOH ou Abdou TOURE connaitront ce douloureux parcours de combattant avant de se voir publiés par les NEA ou CEDA !

    C’est donc ici que la persévérance de Isaïe Biton Koulibaly (IBK) prend tout son poids et mérite tout notre respect !

    ========== A MORT LES PURISTES, VIVE LA LECTURE LIBEREE =====

    Le roman d’amour, à l’eau de rose, est un genre littéraire qui fait recette auprès de la jeunesse notamment la gent féminine.

    La collection Adoras née le 8 mai 1998, avait flairé le filon ! L’excitation pour les nouvelles aventures une relative passion voire frénésie pour les romans sentimentaux permettront de saisir cette opportunité en développant un segment de marché qui dormait. Isaïe Biton Koulibaly (IBK) en sera un des piliers.

    Finie la dictature de la vieille garde, vive l’écriture libérée des carcans d’une certaine orthodoxie.

    Au fond en littérature comme en musique, LE CLIENT EST ROI !

    Tous les auteurs ne seront pas couronnés pour être édités par LA PLÉIADE. Combien de siècles avons-nous attendu pour voir Aimé Césaire, Léon Gontran Damas et Léopold Sedar Senghor entrer dans la prestigieuse collection LA PLÉIADE de Gallimard.

    Le Péruvien Mario Vargas Llosa est le premier écrivain étranger à entrer de son vivant dans la Pléiade, célèbre collection de Gallimard.

    Au demeurant sur 17, seuls 16 écrivains, TOUS FRANÇAIS, ont été admis de leur vivant dans cette collection !

    Qui est le 17ième ?

    L’immense Péruvien Mario Vargas Llosa !

    Prix Rómulo Gallegos 1967, Légion d’honneur (1985), Prix Prince des Asturies 1986, Prix Planeta 1993, Prix Cervantes 1994, Prix mondial Cino Del Duca 2008, Prix international Alfonso-Reyes 2011 mais surtout Prix Nobel de littérature 2010 ! Excusez du peu.

    Un auteur capable de publier 95 ouvrages est une entreprise. Et cette PME contribue au bas mot dans la chaine des valeurs du livre, à l’emploi de 5 à 10 personnes.

    Le succès de IBK a encouragé plusieurs auteurs. Et la dynamique suivra son cours.

    Je comprends que son mentor, Le Ministre et ancien Diplomate feu Jules HIE NEA, à l’écriture si fine, ne se soit pas offusqué du choix de son poulain !

    BIG RESPECT IBK !

    Post-scriptum :

    A défaut d’être lauréat à Miss CI, grâce à IBK, notre nièce chérie est devenue une muse populaire. Donc une star dans son univers. Ne lui demandez pas qui est Mario Vargas Llosa ! IBK lui suffit amplement.

    Les refrains comme « Suzanne Coulibaly » de Samuel Mangwana, « L’argent appelle l’argent » de Pamelo Mounk’a passent plus facilement sous nos tropiques que les sonates de Wolfgang Amadeus Mozart ou les concertos pour piano de Beethoven !

    Les marchands de tous bords l’ont compris depuis belle lurette. On vend au client la marchandise qu’il recherche. Voici pourquoi il est roi…

    En un mot comme en mille, IBK a démocratisé la lecture chez nous ! Que voulez vous encore ?

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