Edwige Gada Koffi, Ivoirienne engagée, un combat pour préserver la tradition potière

Dans la famille d’Edwige, jeune femme de 34 ans née dans le village de Tanou-Sakassou à proximité de Bouaké, en plein cœur du pays baoulé, la poterie est une affaire de famille. Plus encore, une affaire de femmes.

« Il faut défendre le droit des femmes à travailler. Les femmes doivent pouvoir gagner leur vie, élever leurs enfants et subvenir à leurs besoins. »

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Dans la famille d’Edwige, jeune femme de 34 ans née dans le village de Tanou-Sakassou à proximité de Bouaké, en plein cœur du pays baoulé, la poterie est une affaire de famille. Plus encore, une affaire de femmes.

Si elle n’est devenue vice-présidente de la coopérative des potiers de Tanou-Sakassou que l’année dernière, Edwige porte en elle l’héritage d’une famille entière consacrée à la défense de cet artisanat et à la survie de son village.

Petite-fille de Kwa Aya, Edwige sait en effet ce qu’elle doit à sa grand-mère potière, qui, en 1986, décide, sur les conseils d’une équipe de coopérants français admiratifs de son travail, de mobiliser les femmes du village en faveur de la création d’une coopérative de potiers.

Réservée alors à la fabrication d’ustensiles de cuisine et de canaris pour la conservation de l’eau et des aliments, la poterie demeure cantonnée à l’usage familial et sa production répond à une division stricte du travail dans la tradition Akan. Aux hommes, le tissage des pagnes baoulés, aux femmes, la fabrication des poteries.

la coopérative des potiers de Tanou-Sakassou répond à un objectif : unir les femmes au sein d’une activité génératrice de revenus pour elles et leurs enfants, et soutenir ainsi la vie de la communauté.
Si elle bouscule cet équilibre, la création de la coopérative des potiers de Tanou-Sakassou répond à un objectif : unir les femmes au sein d’une activité génératrice de revenus pour elles et leurs enfants, et soutenir ainsi la vie de la communauté.

Le succès de cette entreprise est tel qu’en 1992, Julien Gada Koffi, fils de Kwa Aya et père d’Edwige, est accepté au sein de la communauté des femmes de Tanou-Sakassou pour y apprendre le métier de potier, et devient le premier homme potier du village.

Au décès de Kwa Aya en 2018, Hélène Yao Akissi, doyenne de la communauté, reprend le flambeau et confie à Edwige la vice-présidence de la coopérative. Après une scolarisation et des études à Abidjan, c’est pour cette dernière un défi personnel et familial.

Edwige a une énergie sans faille pour produire des modèles uniques, fragiles reflets de l’antique tradition akan,
Personnel, car elle sait la responsabilité qui incombe à celle qui succède à Kwa Aya au sein d’une communauté qui vit en grande partie de cet artisanat. Isolé de la ville, éloigné d’Abidjan, le commerce de ses poteries impose à Edwige une énergie sans faille pour produire des modèles uniques, fragiles reflets de l’antique tradition akan, et les acheminer vers la capitale économique du pays à la recherche de potentiels acquéreurs.

Familial, car comme son aïeule vingt-cinq ans plus tôt, Edwige a déployé des trésors de persuasion auprès de son mari, rencontré sur les bancs de l’université à Abidjan, pour le convaincre qu’un avenir les attendait, eux et leur famille, à Tanou Sakassou au sein de la coopérative.

Si la contemplation de ces poteries, produit d’un savoir-faire unique et d’un travail laborieux et minutieux, pourrait suffire à justifier la réussite de son pari, les obstacles à la poursuite de son projet demeurent nombreux : four vieillissant, véhicules de transport absent, relais de commercialisation fragiles.

Malgré cela, toujours persuadée de l’intérêt de son entreprise, Edwige continue à sillonner les routes de Côte d’Ivoire dans des gbâkas chargés de poteries, le sourire aux lèvres et son bébé dans le dos, et poursuit l’œuvre de sa grand-mère en motivant chaque jour les femmes de son village à préserver leur autonomie financière au travers de cette activité génératrice de revenus.

publié le 02/12/202
News Ambassade de France Abidjan

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