Recensement général de la population: Voici les comportements qui ont plombé l’opération

Derrière les chiffres rassurants avec des taux de réalisation au-delà des 90 % donnés par les autorités, le Rgph 2021 est une opération bâclée.

On a senti de la volonté chez la ministre du plan, Kaba Nialé qui a piloté l’opération. Mais une communication conséquente n’a pas accompagné l’opération qui se déroulait pourtant, cette fois, dans un climat plus serein et moins tendu qu’en 2014. En 2014, une partie de l’opposition avait lancé un boycott de l’opération, il y avait de la suspicion et un vrai sabotage.

En 2021, on a ignoré le contexte sociopolitique dans la conduite de l’opération. Il ne suffisait pas de placarder de grandes affiches en ville, de payer des spots télé et radio, de conduire quelques campagnes de proximité ici et là, d’avoir les appels des partis politiques pour s’assurer du bon déroulement du recensement. Cette communication a touché une cible, oui mais pas la plus grande de la population.

Le pays a changé. La façon de réfléchir des gens a changé, tout est forcément intéressé et on n’hésite pas à mêler la politique même à la moindre action qui n’a rien de politique. Il fallait aussi prendre en compte la mentalité et le degré de conscience des agents recenseurs eux-mêmes. Plus rien ne sera facile à faire admettre en Côte d’Ivoire.
Tenez ! Il nous revient de la part d’agents recenseurs que des personnes à recenser ont fermé à double tour leurs portes pour ne pas recevoir ces jeunes gens aux chasubles orange.
Ces personnes ne comprennent pas l’intérêt d’une telle opération et évoquent même une violation de domicile par des inconnus. Des servantes, contre l’avis de leurs employeurs ont ainsi éconduit des agents recenseurs. L’un des quartiers les plus difficiles est la zone de Marcory Résidentiel. Ici habite la communauté libanaise, la communauté de l’oligarchie qui a été absolument hostile à l’opération. Les agents recenseurs y ont été refoulés sans qu’ils ne comprennent pourquoi.
Dans les quartiers populaires, l’agent devait lui-même se jouer le pédagogue avant de se voir accepté dans une cour. Ce qui occasionne d’énormes pertes de temps qui auront joué sur les délais. C’est à croire que toute la communication autour du Rgph n’est pas passée du tout. Il fallait peut-être prendre plus de temps à communiquer y compris avec des mégaphones dans les villes et les campagnes en y invitant les leaders des communautés.

Des agents à la conscience professionnelle douteuse

Autre couac, le problème de la conscience professionnelle des agents recenseurs. Voici des jeunes gens en quête d’emploi qui gagnent un travail et se rendent compte que le travail est périlleux. Pourtant, ils ont été informés d’avance sur la complexité du travail. Sur le terrain, nos sources révèlent que face aux difficultés certains agents qui ne voulaient pas parcourir des distances toute une journée, s’asseyent quelque part et remplissent des fiches en inventant des noms, des âges, des professions et autres informations requises. C’est cela aussi le jeune ivoirien, adepte de la facilité.

Résultat des courses, l’opération a fait pschitt dans bien des zones. Et des agents tricheurs sont remplacés et leur travail repris par d’autres. Voici la réalité de l’opération qu’on ne veut pas dire.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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