Banques commerciales en Côte-d’ivoire: Ces comportements qui font fuir la clientèle en 2022

En Côte d’Ivoire, le taux de bancarisation qui était de 7,1 % en 2007 est passé à 19,7 % en 2016, selon des chiffres officiels du gouvernement. Des chiffres qui ont évolué depuis lors pour se situer à « 40% », toujours selon nos officiels, en termes de taux de bancarisation élargi, en 2020. Une embellie portée par le développement du mobile banking c’est-à-dire la banque digitale avec les opérateurs de téléphonie mobile.
La bancarisation en Côte-d’Ivoire reste toutefois faible (même si on y ajoute les « comptes » détenus auprès des opérateurs de téléphonie mobile), comparée à celle des pays comme le Togo ou le Burkina Faso. Des économies pourtant moins performantes que la Côte d’ivoire.

Quand on s’intéresse au taux de bancarisation strict, c’est-à-dire le pourcentage de la population détenant un compte dans les banques «classiques» avec tous les avantages, les caisses d’épargne, les services postaux ou le Trésor public, la Côte d’ivoire n’est pas la mieux classée dans l’Uemoa. Le trio de tête est dominé par le Togo, le Bénin et le Burkina Faso.

Hantise

Comme on peut le voir, il y a encore de la hantise de la banque chez nos concitoyens en Côte d’Ivoire. La banque est encore perçue comme une affaire de l’élite, une affaire de riches et de gens assimilés comme tels. Le constat est clair, chez les petits commerçants, les ouvriers, les paysans, on aime le cash, l’argent liquide. Ne leur parlez surtout pas de paiement par banque. C’est non. Et pourtant, la banque est une institution de paiement légalement reconnue.

À l’observation, si les ivoiriens se détournent de la banque, ce comportement est à imputer aux banques elles-mêmes qui ne font pas beaucoup d’efforts pour captiver cette potentielle clientèle. Ou peut-être qui font beaucoup d’efforts pour éloigner les potentiels clients. Du coup, les discours du genre « le secteur bancaire ivoirien offre les taux les plus intéressants dans l’Union » deviennent creux.

De longues heures d’attente, amateurisme

Le manque d’innovation et d’attractivité est manifeste lorsqu’on se rapproche de la banque. En 2021, en pleine révolution numérique, on passe encore des heures et des heures dans des rangs devant les banques. Le travail manuel est encore très présent et le facteur humain et les zèles restent encore, limitants dans les opérations et services aux clients.

Parmi les banques où on note le plus de lenteur devant les caisses, la Banque nationale d’investissement (Bni), une banque à capitaux publics [CNPS et État de Côte-d’Ivoire exclusivement], pourrait occuper le peloton de tête.

Ici, si le réseau internet n’est pas défaillant par moments, ce sont les caisses qui fonctionnent au ralenti. Quand il y en a trois dans des agences, il est rare qu’elles fonctionnent toutes, ensemble. Des agents affectés aux caisses se trouvent eux-mêmes d’autres affectations, pénalisant ainsi les clients.

La Bni n’est pas la seule à avoir cette tare. Nsia Banque est en plus, quant à elle, championne dans la défaillance de ses guichets automatiques et très souvent en période de forte demande, notamment les fins de mois. Chez Nsia comme chez bien d’autres banques comme Sib, Ecobank, Coris Bank, Bsic, excepté à un degré moindre la Sgci, tout se passe comme si les Dab et autres guichets automatiques étaient un simple effet de mode, un décor pour ces banques. Rarement ils fonctionnent.

Quel client aimerait se mettre dans une file d’attente où il faut passer plus de 20 minutes avant de bouger et parfois attendre 3 ou 4 heures avant d’accéder à un agent de guichet ? Quel client serait heureux quand il doit faire le tour de plusieurs guichets automatiques avant de trouver un qui fonctionne ? Quel client au petit salaire aimerait supporter des agios et autres prélèvements qu’il trouve excessifs ? Quel client serait content d’un accueil peu courtois des caissières et autres agents qui ont des fois du mal à convaincre l’usager qui veut en savoir plus ? Quel dirigeant de Pme oserait s’aventurer dans un emprunt avec des taux de remboursement à la limite des taux d’usuriers ? Voici le mal de nos banques. Peu d’innovation, manque d’attractivité et de courtoisie, zèle, mépris… tout le cocktail pour que des porteurs de projets, de petits commerçants et travailleurs du privé aient encore la banque en horreur et préfèrent se faire rémunérer main à la main.

SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr

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