Quand Ouattara traite la transition de 5 ans au Mali de « plaisanterie »

[Alassane Ouattara a écouté en silence ses interlocuteurs jusqu’à la fin de leurs interventions respectives, avant de taxer ce chronogramme de plaisanterie, leur demandant ouvertement dans quel monde ils pensaient vivre.]

Au cœur des discussions entre Alassane Ouattara et les émissaires d’Assimi Goïta

Le 3 janvier, le chef de l’État ivoirien a reçu au palais présidentiel des ministres du président de la transition malienne venus lui présenter leur nouveau chronogramme.

Les ministres Abdoulaye Diop (Affaires étrangères) et Abdoulaye Maïga (Administration territoriale) étaient à la tête de cette délégation. Ce dernier a exposé à Alassane Ouattara (ADO), qui était entouré de membres de son cabinet, les grandes résolutions des assises nationales dont, surtout, celle de prolonger la transition de cinq ans.

Il lui a détaillé le programme électoral à venir, à savoir un référendum constitutionnel en décembre 2023, un scrutin local en juin 2024, ainsi que des échéances législatives et sénatoriales en mai 2025. Ce plan devrait, selon le colonel Maïga, aboutir à la « restauration du Mali ». Abdoulaye Diop a quant à lui expliqué que ce chronogramme pourra être modifié en fonction de l’évolution de la situation.

Non catégorique
Alassane Ouattara a écouté en silence ses interlocuteurs jusqu’à la fin de leurs interventions respectives, avant de taxer ce chronogramme de plaisanterie, leur demandant ouvertement dans quel monde ils pensaient vivre. Le président ivoirien a opposé un non catégorique à ce plan de sortie de la transition, précisant que le Mali s’exposait à de sévères sanctions économiques sur le plan international.

ADO est ensuite revenu sur ses liens particuliers avec le Mali, ce pays « frère » ayant accueilli sa famille en exil et plusieurs cadres de son ancien parti, le Rassemblement des républicains (RDR), entre 2002 et 2008, quand il était dans l’opposition. Il a également révélé que certains de ses pairs de la région n’avaient pas apprécié le fait qu’il leur ait demandé d’être indulgents vis-à-vis de la junte, après les démissions forcées en mai 2021 de Bah N’Daw, le premier président de la transition, et de son Premier ministre, Moctar Ouane.

Zeïni Moulaye Haïdara, l’ancien titulaire du portefeuille des Affaires étrangères dans l’équipe de ce dernier, qui a également piloté les assises nationales, a par ailleurs assisté à l’entretien.

Mali : Assimi Goïta saura-t-il adoucir la Cedeao ?

Selon nos informations, ADO envisage de s’entretenir avec Assimi Goïta avant le double sommet extraordinaire de l’Uemoa et de la Cedeao, prévu à Accra le 9 janvier prochain. Il a d’ailleurs téléphoné à plusieurs de ses homologues pour les informer de son échange avec les ministres maliens, notamment le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré, dont le pays est frontalier avec le Mali, tout comme la Côte d’Ivoire.

L’Ivoirien Tiémoko Meyliet Koné, gouverneur de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, planche quant à lui sur un régime de sanctions contre la junte au pouvoir au Mali.

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