Le porte-parole du gouvernement malien invite la ministre française des Armées, Florence Parly « à se taire »

Pour avoir renié son engagement à organiser des élections en février 2022, la junte malienne a été durement sanctionnée par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest [Cédéao], avec le soutien de la France. En outre, et alors que des « formateurs » russes, appartenant vraisemblablement au groupe paramilitaire Wagner, se déploient aux côtés des Forces armées maliennes [FAMa], certains de ses responsables ont tenu des propos fort désobligeants à l’égard de l’action française au Sahel.

Puis, pour parachever le tout, la junte a fait savoir qu’elle souhaitait revoir les accords militaires entre Paris et Bamako et demandé au Danemark de retirer son contingent récemment intégré au groupement européen de forces spéciales Takuba, au motif qu’elle n’avait pas donné son consentement à son déploiment au Mali.

Lors d’une séance à l’Assemblée nationale, le 25 janvier, la ministre française des Armées, Florence Parly a dénoncé l’attitude des autorités maliennes de « transition » ainsi que leurs « provocations ». Et, le lendemain, un communiqué signé par les pays partenaires de Takuba leur a rappelé qu’elles avaient bien donné leur accord à l’arrivée des militaires danois, la « notification d’acceptation » ayant été signée par le Protocole du Ministère malien des Affaires étrangères et de la Coopération internationale le 29 juin 2021.

Pour autant, la junte n’en démord pas. Quitte à aller jusqu’à l’incident diplomatique. Porte-parole du gouverment malien de « transition » et ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, le colonel Abdoulaye Maïga a des lettres… Ou du moins connaît-il assez bien l’oeuvre d’Alfred de Vigny pour le citer.

« Nous invitons également Mme Parly à plus de retenue et également à respecter le principe élémentaire de non-ingérence dans les affaires intérieures d’un État », a déclaré le colonel Maïga, en référence aux propos tenus par la ministre française au sujet de la junte devant les députés. « Nous l’invitons également, c’est un conseil, à faire sienne cette phrase d’Alfred de Vigny sur la grandeur du silence », a-t-il ajouté.

Probablement a-t-il fait référence à la citation « Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse », tirée du poème « La mort du loup », ou au livre « Servitude et grandeur militaires », dans lequel l’écrivain assure avoir « connu des officiers qui s’enfermaient dans un silence de trappiste, et dont la bouche sérieuse ne soulevait la moustache que pour laisser passage à un commandement ».

« Lorsqu’on tente désespérément d’isoler le Mali en instrumentalisant les organisations sous-régionales, on se demande enfin qui est dans la provocation », a continué le colonel Maïga, à propos du soutien de Paris aux sanctions décidées par la Cédéao, le 9 janvier dernier.

Quant à l’affaire du contingent danois de Takuba, le colonel Maïga n’a pas souhaité parler d’un « incident diplomatique » mais « d’incompréhensions entre le gouvernement du Mali et le gouvernement du Danemark ». Et d’inviter Copenhague « à faire attention à certains partenaires qui ont du mal malheureusement à se départir des réflexes coloniaux ».

Pour le moment, les autorités françaises n’ont pas encore réagi aux propos du colonel Maïga.

PAR LAURENT LAGNEAU · 27 JANVIER 2022

Tags: Barkhanecolonel MaïgaDiplomatieFlorence Parlyincident diplomatiqueMaliporte-paroleTakuba

Source: http://www.opex360.com

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