La jeune femme noire et sa perruque

En ce jour du 8 mars 2022, en prenant le tram pour aller au travail, le jeune homme remarqua une jeune femme noire. Elle avait un beau visage. Malheureusement, une perruque.

malencontreusement, que dis je, maladroitement posée sur la tête assombrissait cette beauté. Lui a
horreur de ces perruques qui fleurissent sur la tête des femmes noires de 7 à 77 ans. Il avait alors
décidé d’aborder la jeune femme pour évoquer le sujet. Il avait l’impression de se retrouver face à un
vrai gâchis et même une pollution visuelle. Le hasard faisant bien les choses, au terminus du tram, la
fille partait dans la même direction que lui.

Il marcha à son niveau et lui lança un petit « Bonjour, ça va bien le matin ? ». C’est ainsi qu’ils
commencèrent à discuter. Le dialogue trouva rapidement sa vitesse de croisière car la jeune femme
n’était pas avare de mots. Malgré la sympathie de la fille, le jeune homme n’avait pas oublié le sujet
qui le préoccupait. Il attendait l’occasion avec impatience.
A la suite d’un quiproquo, il lança à la jeune femme : »tu n’es pas mal. Mais tu serais encore plus
belle sans cette perruque sur ta tête ». « Quoi ? » interrogea la jeune femme, visiblement surprise
par cette remarque « fort désagréable » et surtout inattendue. Car dans sa vie, elle avait rencontré
peu de gens qui remettaient en cause ce système ainsi établi. Elle n’avait connu que cette société
dans laquelle l’Homme noir semble avoir accepté l’idée selon laquelle il était un produit « non tout à
fait fini » et qu’il fallait se compléter avec des artifices divers. Mais elle avait quand-même l’esprit un
peu ouvert. Après quelques minutes de discussion, elle reconnu l’importance du sujet. Deux jours
plus, ils se rencontrèrent de nouveau. La jeune femme avait laissé sa perruque et pris l’engagement
de mettre en valeur ses cheveux crépus. La discussion avait été comme un électrochoc pour elle. Oui,
le plus souvent les gens font des choses sans forcément chercher à savoir le pourquoi du comment.
Ils suivent simplement la vague comme les moutons de panurge. Alors la sensibilisation doit être de
mise auprès de nos femmes, nos sœurs et toutes ces personnes publiques à commencer par les
ministres, les journalistes de nos pays.

Et si on te demandait : » D’où sors tu ? Ouï d’où viens-tu, toi qui oses remettre en question le système
établi ? D’où sors tu, toi qui contrairement à la majorité des hommes noirs, ose remettre en cause
l’élément fondamental de la beauté africaine du 21eme siècle ? Alors à tous ceux qui sans réfléchir
poseront cette question, il faudra répondre comme Malcolm X :
Qui t’a appris à te détester ?
Qui t’a appris à détester la nature de tes cheveux ?
Qui t’a appris à détester la couleur de ta peau au point que tu t’éclaircisses la peau pour ressembler
au blanc ?
Qui t’a appris à détester la forme de ton nez et de tes lèvres ?
Qui t’a appris à te détester toi-même de la tête aux pieds ?
Qui t’a appris à détester les gens qui te ressemblent ?
Qui t’a appris à détester ce que Dieu a fait de toi ?»

Oui, tu seras comme un ovni avec cette prise de position mais sois-en fier. Le renouveau sociologique
et l’avenir du peuple africain en dépendent.
Peut-on demander aux autres de nous aimer lorsque nous nous détestons autant ? Peut-on crier sur
les toits que nous sommes fiers d’être Africains lorsque chaque jour que Dieu fait, nous cherchons les
voies et moyens pour nous débarrasser des signes extérieurs de notre africanité : la couleur noire
ébène et les cheveux crépus ?

Se débarrasser de son épiderme pour se sentir mieux dans sa peau. Quelle trouvaille !
On se promène avec des cheveux que d’autres ont donné en sacrifice à des dieux hindous et
bouddhistes et après on s’étonne d’avoir tous les problèmes du monde entier sur nos épaules.
Le mal est profond et généralisé. Et il se transmet aujourd’hui à vitesse grand V, de mère en fille et
aussi de père en fils.

Il ya quelques jours, j’ai vu un extrait d’un documentaire sur les noirs en France. A la fin de cette
vidéo, une petite fille semblait détester sincèrement d’être noire et elle indiquait avec force « de
toutes façons quand je serai grande, je vais utiliser des produits pour devenir claire ». Est-ce à l’école
qu’on lui a appris cela ? Est-ce la télé qui lui conseille cela ? Bien évidemment que non. On peut
reprocher beaucoup de choses à l’école occidentale d’aujourd’hui mais pas ce sujet là. Ils font
beaucoup attention de nos jours. A contrario, chaque jour que Dieu fait, cette petite fille voit sa
maman et ses tantes utiliser des produits pour se scalper la peau et ensuite mettre leurs perruques
sur la tête avant de sortir de la maison. Et lorsque leurs camarades blanches mettront les mains dans
leurs cheveux, par mimétisme moutonnier, elle feront aussi pareil avec leurs perruques. Alors cette
fillette n’a pas d’autres choix que de reproduire ce comportement à moins que d’ici là elle n’entende
des voix contraires.

La lutte d’indépendance politique et économique ne pourra devenir réellement fructueuse que dans
un environnement sociologique débarrassé des affres de l’esclavage et de la colonisation.
Si le 8 mars est la journée de la femme notamment pour garantir l’égalité homme-femme (ce qui ne
devrait signifier en aucun cas qu’ils sont interchangeables), elle doit être davantage pour les femmes
africaines la journée de la fierté retrouvée. Elle doit être la journée qui rappelle à la femme noire
qu’elle n’a pas besoin d’artifices pour être l’égale de la femme blanche. Elle doit rappeler à la femme
noire qu’elle n’a pas à être une femme blanche pour exister. Elle doit rappeler avec force à la femme
africaine qu’elle n’a pas besoin de perruque sur sa tête pour être belle et élégante. Oui, cette journée
doit dorénavant être consacrée à l’éducation des petites filles africaines à l’acceptation de soi et à la
mise en valeur de ce que Dieu a fait de nous. Voilà le sens noble que cette journée doit revêtir pour
les années à venir sur le continent africain.

Que Dieu nous donne la force.

#PourleRenouveauAfricain
#Emancipateyourselvefrommentalslavery

Nangounon YEO, ingénieur consultant

Auteur du livre « Pour le Renouveau Africain »

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