Primauté aux réfugiés ukrainiens, quand l’Union Européenne étale encore ses préférences raciales et xénophobes à la face du monde

L’Allemagne est peut-être encore le seul pays membre de l’Union Européenne, qui ne fait pas de la couleur de la peau et de la nationalité ukrainienne, le critère primordial pour obtenir un logement décent de refugié, de la bonne nourriture, un suivi humain etc. sur son territoire.

Mais dans les autres pays, tels que les Pays-Bas [en tête], la Belgique, la France, l’Angleterre [système de visa], l’Espagne etc…les réfugiés venus d’ailleurs et les associations dénoncent le « deux poids, deux mesures » des gouvernements européens en matière d’accueils.

Accueil des réfugiés : le désespoir des non-Ukrainiens face à la différence de traitement

Par Julia Pascual

Ils ne sont pas si loin d’un des centres ouverts par l’Etat pour mettre à l’abri les Ukrainiens qui arrivent en France, de jour comme de nuit, par les gares ou la route. Ils ne sont pas si loin mais eux dorment sous des tentes, à la rue. Dans un petit square de Pantin (Seine-Saint-Denis), plus d’une centaine de migrants, la plupart des demandeurs d’asile afghans, s’apprêtaient à passer la nuit du jeudi 10 mars dehors.

« Donnez-nous un travail ! Donnez-nous un appartement ! Les Ukrainiens sont dans la même situation que nous. Je ne suis pas ici parce que je n’aime pas mon pays. » Assis sur un banc bricolé, devant un feu de palettes, Mohammad Akbari fulmine, dans une forme de désespoir qui semble confiner à la déraison. Ce demandeur d’asile afghan dit qu’il ne dort plus, puis évoque le chef de l’Etat de façon confuse, avant d’expliquer qu’il n’a plus de chargeur de téléphone et ne peut pas joindre son père. Cela fait sept ans déjà que Mohammad Akbari attend en Europe. Pendant six ans, il a vécu en Allemagne jusqu’à ce que sa demande d’asile soit définitivement rejetée.

Autour de lui, dans le petit square de Pantin, les situations s’égrènent et se ressemblent. Atiqullah (les personnes citées par leur prénom ne souhaitent pas donner leur nom), 27 ans, a fui l’Afghanistan après la prise de pouvoir des talibans, à l’été 2021. Il est depuis trois semaines à Paris où il vient d’enregistrer sa demande d’asile mais dort dehors. Non loin, Saidalam Khan, 29 ans, montre le bout de papier sur lequel il est écrit qu’il est demandeur d’asile. Lui est arrivé en France en janvier 2019 mais parce que ses empreintes avaient été prises en Bulgarie, il a été placé en procédure Dublin jusqu’en janvier 2022. Le règlement européen du même nom prévoit qu’une demande d’asile ne peut être déposée que dans un seul Etat membre, celui d’entrée en Europe, sauf à attendre une période allant de six à dix-huit mois.

Accès aux soins
Depuis janvier, Saidalam Khan a rebasculé en procédure normale et la France doit examiner sa demande de protection. Mais, pour s’être soustrait à son transfert en Bulgarie lorsqu’il était « dubliné », le jeune homme a perdu le droit de bénéficier d’un hébergement. Lorsque l’Etat a évacué, jeudi 3 mars, un campement à cheval entre Pantin et le 19e arrondissement, il faisait partie des personnes mises à l’abri. Mais à l’aune de sa situation, il a été remis à la rue dès le 8 mars. « Le jour de l’évacuation, se souvient Rafaelle, membre de l’association Utopia 56, une centaine d’hommes n’ont pas été mis à l’abri. Un agent de la préfecture de région nous a dit qu’il n’y avait plus de place d’hébergement. Ça fait bizarre, d’entendre aujourd’hui toutes les places qui sont ouvertes [pour les Ukrainiens]. »

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