Eugène Diomandé: « On aurait pu faire l’économie de ce scénario ridicule et honteux d’une autre AG imposée par la Fifa » (interview vérité)

Interview – Eugène Diomandé (Président du Séwé Sport de San-Pedro)

Il est le dernier président d’un club ivoirien à propulser son équipe en finale d’une compétition continentale. C’était en 2014 avec la finale de la coupe de la CAF perdue de justesse contre le Al Ahly d’Égypte, juste un an avant le 2e trophée continental remporté par les Éléphants de Côte-d’Ivoire en 2015 en Guinée Équatoriales. Eugène Diomandé a aussi à son palmarès de président de club 3 titres d’affilée de champion de Côte-d’Ivoire, 2012,2103 et 2014.

Soutien du candidat déclaré à la présidence de la FIF Sory Diabaté depuis novembre 2021, Eugène Diomandé, n’a aucun problème avec la candidature de Didier Drogba ! C’est ce qu’il décrit dans cette interview. Le Président du Séwé Sport de San-Pedro fait également un tour d’horizon sur l’actualité, avec en ligne de mire la relance du processus électoral de la FIF. Il livre son analyse sur la dernière mouture de l’article 47.

Le processus électoral semble être relancé avec une nouvelle mouture de l’article 47. Quel commentaire faites-vous de cette nouvelle proposition ?

Il faut déjà se féliciter de la brièveté de la suspension du processus électoral, en souhaitant qu’elle soit la toute dernière. Avant de donner mon point de vue sur le fond de la nouvelle mouture de l’article 47, permettez de clamer mon indignation et ma réprobation quant à la forme qui a engendré le texte. L’intervention post AG (Assemblée générale ) de la Fifa est illégale et inadmissible, car il eût fallu préciser que l’article 47 n’était pas une recommandation, mais une injonction martiale irréfragable. On aurait alors fait l’économie de ce scénario ridicule et honteux d’une seconde AG imposée par la Fifa. Si la Fifa ne respecte pas les textes des associations souveraines alors qu’elles ne sont contraires à des directives expresses encore moins des violations avérées indiscutables des règles et principaux généraux, où va t-on ? Vers une gestion centralisée et unidirectionnelle du football mondial ? Cette prétention ubuesque de la Fifa, portée par un Conor apathique et aux ordres ne s’étend pas au-delà de l’Afrique.

La directive de la FIFA met en avant 4 parrainages sans catégorisation ou pas de parrainage. La nouvelle proposition de l’article 47 parle de 5 parrainages sans catégorisation. Croyez-vous que le Conor et les membres actifs appelés doyens outrepassent la directive de la FIFA ?

Concernant la proposition de 5 parrainages concoctée par le Conor et un groupe de dirigeants pas si sages qu’annoncés, je la rejette personnellement. Car elle peut être sujette à un autre rejet de la Fifa qui a bien précisé 4 ou rien. Cela c’est clair ! Donc soyons bêtes et disciplinés jusqu’au bout. À l’Assemblée Générale nous devons voter 4 ou pas de parrainages, rien d’autre ! À moins que ce soit vrai que certains malicieux cherchent de nouveaux palabres pour prospérer dedans ?

Face à la nouvelle assemblée annoncée pour le 5 avril 2022 prochain, quelle devrait alors être l’attitude des membres actifs ?

Notre slogan lors de cette AG doit être:  » avalons la pilule amère de la Fifa pour nous débarrasser d’elle et sauver notre football’’.

Pensez-vous que le nouveau chronogramme sera respecté ?

Si nous, les présidents de clubs et électeurs sommes déterminés et évitons les querelles puériles, les nouvelles dates seront respectées malgré la ruse de la Fifa et consorts.

Après l’article 47, ne craignez-vous que la FIFA intervienne à nouveau dans le processus pour donner d’autres directives ? Dans le cas échéant, quelle devrait être l’attitude des membres actifs ?

Votre crainte est la mienne, elle ne relève nullement de la paranoïa. On peut tout reprocher à la Fifa, sauf de ne pas avoir du suivi dans ses idées et de ne pas lésiner sur les moyens, fussent-ils illégaux et choquants, pour arriver à ses fins. Nous avons tous vu ce qui s’est passé pour les élections du président de la CAF. Où, la Fifa au mépris des règles démocratiques a soutenu ouvertement un candidat. Où, elle a brisé et piétiné les autres par des méthodes avec lesquelles au finish, elle a obtenu gain de cause sans honte ni remords…Dans le cas de la Côte d’ivoire, nous retrouvons le même schéma, un candidat préféré, et surtout les mêmes acteurs et exécuteurs ou exécutants : Infantino lui-même , son bras armé africain, Veron, la touche de douceur féminine avec Fatma Soura et la non moins charmante pointe maghrébine, Solemani. Espérons que les autres candidats ne passeront pas devant ce peloton d’exécution. Je vous ai dit que les gens de la Fifa ont du suivi dans leurs idées : pourquoi soutenir une candidature pour accepter l’évidence d’une défaite ? Je préfère croire que je me fais un film et que notre chère Fifa défend des principes pour une fois.

Quelle est votre lecture de l’article 118 des dispositions transitoires en rapport avec le collège électoral ?

L’article 118 des dispositions transitoires, concernant le collège électoral est assez clair : c’est celui de 2020 qui est pris en compte, à savoir la position des clubs cette année-là ; il n’y a donc pas matière à interprétation ou à confusion encore moins à exception. Il me revient que le Conor voudrait l’interpréter autrement…Je n’y crois pas et d’ailleurs il y’a un éminent juriste en son sein…mais comme le Conor est l’émanation de la Fifa qui ne respecte aucune loi…

Quelle est selon vous la meilleure formule pour une sortie de crise définitive ?

La meilleure solution aurait été de laisser les clubs faire le toilettage des textes selon leur vision et leurs aspirations, sans directives inopportunes.

Koné Cheick Oumar dans une conférence de presse a estimé que l’élection seule ne peut pas sortir le football ivoirien de la crise. Il faut une véritable réconciliation des acteurs . Êtes-vous d’avis avec lui ?

Oui, une réconciliation effective et définitive entre les acteurs, les dirigeants de clubs, serait l’idéal, et sur le principe, je suis d’accord avec mon ami et jeune frère Koneco. Cependant, et c’est là où se situe nôtre responsabilité à nous présidents de clubs, avons-nous la maturité nécessaire et la hauteur d’esprit qu’il faut pour transcender des petites querelles et problèmes d’intérêt personnel ? Si aujourd’hui nous sommes dirigés par des  » extraterrestres  » du foot qui apprennent à jouer au ballon avec nos esprits, c’est bien de notre faute et de notre incapacité à nous entendre sur le minimum et l’essentiel. Alors, réconciliation véritable ? Oui bien sûr, étant entendu que la réconciliation n’est pas un mot, c’est un comportement.

Parlons du candidat Sory Diabaté. Nous sommes à quelques jours de l’assemblée générale élective. Réaffirmez-vous votre soutien à ce candidat ?

Oui, bien sûr, de manière claire et définitive et cela ne procède pas d’un intérêt personnel, mais d’une seule appréciation de cette réalité du terrain : il fédère la majorité des électeurs, il est donc plus facile de faire la réconciliation chère à Koneco autour de lui, en veillant à ce qu’il ne dérape pas. J’ai confiance en l’homme et sa faculté à gérer autrement. Ceci dit, les autres candidats sont appréciables et disposent de qualités non négligeables.

En dépit de votre retrait au sein de la team Didier Drogba, l’ancien capitaine des Éléphants ne semble pas ébranlé.Il continue l’aventure. Sa détermination ne vous dérange pas un tout petit peu ?

C’est tout à son honneur d’afficher la même détermination que sur les pelouses. Mon retrait n’est pas essentiel pour Didier Drogba et il ne m’a pas attendu pour déclarer sa candidature. C’est une personnalité importante qui a un gros potentiel et dont la légitimité de la candidature ne souffre d’aucune discussion. La légalité est un autre problème qui ne constituera pas, je rassure ses fans un problème à la prochaine Assemblée Générale. Personnellement, la candidature de Didier Drogba ne me pose aucun problème. Je n’oublie pas que j’ai défendu cette candidature pour sa légitimité, et pour ce que le frère qu’il demeure peut apporter au football ivoirien, pas forcément en qualité de président de la Fif, mais pourquoi pas ?

Yacine Idriss Diallo est toujours en course, pour rassembler le football ivoirien. C’est un adversaire de taille pour votre équipe ?

Bien sûr que Yacine Idriss Diallo est un adversaire de poids. Il a une longue expérience du milieu sportif et footballistique et de plus, dispose d’un sens managérial incontestable grâce à ses différentes fonctions professionnelles. Mais surtout, et je le connais bien puisque c’est mon beau cousin. Il est doté d’une bonne analyse des situations et de beaucoup d’entregent psychologique.

Président, la mairie de San Pedro avait pris des engagements pour soutenir le Séwé Sports de San-Pedro. Parlez-vous de cet appui des autorités municipales ?

Effectivement, après l’avènement de mon frère et ami Anoblé Félix, la mairie de San Pedro a commencé depuis 2 ans à soutenir financièrement le Séwé, tout doucement au départ avec 10 millions de Fcfa, puis cette année avec 20 millions de Fcfa de subvention officielle. Ce qui me réjouit est que le ministre Anoblé qui a été président du Séwé en son temps, ne veut pas en rester là et est en train d’organiser une rallonge de 30 millions de Fcfa destinée à favoriser la remontée du club en première division, en impliquant certains opérateurs économiques. Le maire et moi nous connaissons bien, très bien même, on se connaît en détail comme dirait un de ses compagnons politiques.

Ange Kouadio
L’Intelligent d’Abidjan

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