L’industrie du jeu vidéo se met à la page africaine

Le secteur du jeu vidéo se porte bien en Afrique. D’après les prévisions des spécialistes de l’industrie vidéo-ludique, le nombre de gamers devrait même dépasser un milliard sur le continent à l’horizon 2050. Venus d’Europe ou du Japon, les grands noms du secteur gardent donc un œil attentif sur ce marché prometteur. Mais les acteurs africains parviennent aussi à tirer leur épingle du jeu.

Depuis plusieurs années, les initiatives se multiplient localement pour promouvoir le développement de jeux made in Africa. Dernièrement, ce sont une dizaine de studios de jeux qui se sont réunis au sein du Pan African Gaming Group (PAGG), du studio sénégalais Kayfo Games aux Sud-Africains de Sea Monster. L’objectif assumé est de propulser le jeu vidéo africain sur le devant de la scène. Et les instigateurs du projet ont dévoilé leurs ambitions sans détour lors de la Semaine des Jeux Africains, qui se déroulait au Cap du 23 au 25 février.

La cinquième édition de la grand-messe du gaming sur le continent a également braqué les projecteurs sur les talents émergents du jeu vidéo aux couleurs africaines. Créateur d’Usiku Games, Jay Shapiro s’attache ainsi à mettre en avant l’identité africaine avec des titres comme beYOUtiful, un jeu de mode prenant le contrepied des canons de beauté occidentaux. Le studio kenyan est également à la pointe du mouvement #GamingforGood, qui s’implique dans des initiatives sociales comme des campagnes de reforestation.

Parmi les visages les plus prometteurs du marché africain figure également Teddy Kossoko. Fondateur de Masseka Game Studio, Kossoko s’est vu désigner par Forbes en 2018 comme l’un des trente jeunes leaders de demain en Afrique.

Aujourd’hui à la tête de son propre studio basé en Europe, Teddy Kossoko s’applique à mettre en lumière l’histoire et les cultures africaines au travers du divertissement. Le Centrafricain a créé en parallèle une plateforme en ligne afin de référencer et soutenir financièrement les jeunes créateurs du continent. Selon des propos recueillis par l’AFP, l’entrepreneur estime en effet que le futur du secteur se trouve en Afrique.

Ainsi, la création locale a fait du chemin depuis le Nairobi X du Kenyan Andrew Kaggia. Considéré comme le pionnier du jeu vidéo professionnel en Afrique, ce jeu de shooting à la première personne imaginait une invasion d’aliens dans les rues de la capitale kényane. Et depuis sa sortie en 2015, le nombre de gamers a également bondi sur le continent. Selon le cabinet spécialisé Newzoo, les gamers africains n’étaient que 77 millions en 2015. En 2021, le continent en comptait 186 millions.

Ce boom du jeu vidéo s’explique notamment par la démocratisation des téléphones mobiles. 650 millions de smartphones circulent aujourd’hui sur le continent, offrant un accès facilité aux plateformes de jeux en ligne. Et 95 % des joueurs africains optent pour le jeu sur mobile. 63 millions de gamers se tournent d’ailleurs vers le modèle lucratif des jeux payants.

Ainsi, les casinos en ligne se taillent une large part dans l’univers du jeu mobile. En effet, les meilleurs casinos proposent un catalogue complet de machines à sous gratuites. Des machines à sous 3D aux parties agrémentées d’animations vidéo, tous les types de machines sont accessibles sur mobile sans téléchargement. Les thématiques sont alors variées, entre Grèce antique et ambiance Las Vegas. Les joueurs peuvent donc tester leurs préférences en maîtrisant leur budget. C’est aussi l’occasion de se familiariser avec les mécanisme des jeux de hasard, avant de miser progressivement de l’argent réel pour remporter le jackpot.

Par ailleurs, la révolution des crypto-monnaies n’est pas étrangère à cet intérêt pour le jeu payant. En effet, l’enthousiasme envers l’argent décentralisé ne se dément pas sur le continent. De l’Afrique sub-saharienne au Moyen-Orient, environ 6 millions de gamers possèdent déjà des crypto-monnaies. Selon Newswagg, 80 % d’entre eux seraient même ouverts à l’idée d’utiliser leurs crypto-devises pour acheter des jeux.

Autre secteur rémunérateur, l’e-sport prend une place grandissante dans l’écosystème du jeu vidéo africain. En novembre 2021 à Abidjan, la cinquième édition du Festival de l’Électronique et du Jeu Vidéo organisait ainsi des tournois d’e-sport. Initié par le studio Paradise Game de l’Ivoirien Sidick Bakayoko, le FEJA s’inscrit dans la professionnalisation du secteur en Afrique. Et des dispositifs de soutien à la création numérique comme le Digital Lab Africa ne peuvent que renforcer le dynamisme d’un marché africain à l’avenir radieux.

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