En Côte-d’Ivoire la COP15 se dote d’un président empêtré dans une affaire de trafic de bois

Soutenu par Alassane Ouattara, l’ancien ministre ivoirien des eaux et forêts Alain-Richard Donwahi dénonce une « grotesque campagne d’intoxication ».

Par Yassin Ciyow et Youenn Gourlay (Abidjan, correspondance)

« Quel défi ! », s’est exclamé Alain-Richard Donwahi dans un bref discours de remerciements peu après son élection, sans adversaire et par acclamation des délégués, à la présidence de la quinzième session de la Conférence des parties de la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (COP15), à Abidjan.

Au lancement officiel des travaux de la convention, mercredi 11 mai, l’Ivoirien a pris le relais du ministre indien de l’environnement et du climat, Bhupender Yadav, pour une durée de deux ans. Sa désignation a été poussée par le président ivoirien, Alassane Ouattara, qui a loué, devant les représentants des Etats membres, les « compétences » et « l’expérience » de son ancien ministre des eaux et forêts… alors même que ce dernier est empêtré dans une affaire qui fait grand bruit en Côte d’Ivoire.

Alain-Richard Donwahi a été évincé du gouvernement lors du remaniement du 20 avril. Quelques jours plus tard, le mensuel Jeune Afrique révélait qu’une procédure judiciaire avait été confiée en janvier à la Cour de cassation pour faire la lumière sur un vaste trafic de bois précieux dont les ramifications remontaient jusqu’au cabinet de M. Donwahi, alors ministre. Son ancien chef de cabinet – un préfet – a été entendu et un exploitant de bois libanais réputé proche de l’ex-ministre a été interpellé puis incarcéré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, où il se trouve toujours. Celui-ci est notamment accusé de « déboisement sans autorisation du domaine forestier ».

« C’est ubuesque »
Début mai, le porte-parole du gouvernement a confirmé que l’Inspection générale d’Etat avait également lancé fin février un audit complet du ministère des eaux et forêts – une enquête dont les conclusions sont très attendues sur les bords de la lagune Ebrié. « Nous avons entendu beaucoup de choses malheureuses, malencontreuses à mon égard, des procès d’intention, des accusations. Il faut laisser la justice faire son travail », a déclaré M. Donwahi mercredi, rappelant que « quinze ministères sont audités cette année ».

Le 2 mai, il s’était déjà défendu dans un communiqué largement diffusé dans la presse nationale, dénonçant une « grotesque campagne d’intoxication » qui n’aurait pour objectif que de « salir [sa] réputation ». Lors de son discours à la COP15, mercredi, le président Ouattara a voulu dissiper les doutes en remerciant son premier ministre, Patrick Achi, d’avoir « libéré » le ministre des eaux et forêts « à l’occasion du dernier remaniement, dans la perspective d’occuper cette importante fonction ».

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Les coulisses de la nomination d’Alain-Richard Donwahi à la COP15

Alassane Ouattara a choisi l’ex-ministre des Eaux et Forêts pour représenter la Côte d’Ivoire à la tête de la conférence de l’ONU, qui se déroule jusqu’au 20 mai à Abidjan. Une décision qui provoque des remous en plein scandale autour du trafic de bois.

Par Vincent Duhem

Comme annoncé par Jeune Afrique, la nomination d’Alain-Richard Donwahi a effectivement été entérinée mercredi 11 mai, lors de l’ouverture officielle de la COP15. La Côte d’Ivoire accueillant cette édition, il était prévu qu’un de ses ressortissants préside la Conférence des parties sur la désertification et la sécheresse pour les deux années à venir.

Selon nos informations, Jean-Luc Assi, le ministre ivoirien de l’Environnement, avait confirmé dans la matinée du 10 mai aux Nations unies que cette personnalité serait Donwahi lors d’une réunion à laquelle l’ex-ministre participait. Cette décision avait été prise avant que ce dernier ne soit remercié du gouvernement, le 20 avril. Mais Alassane Ouattara a décidé de ne pas revenir dessus et a chargé Fidèle Sarassoro, son directeur de cabinet, d’en informer l’ONU le 22 avril.

« Sa nomination dérange »

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Jeune-Afrique

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2 réflexions au sujet de “En Côte-d’Ivoire la COP15 se dote d’un président empêtré dans une affaire de trafic de bois”

  1. les révélations de jeune Afrique ressemblent fort bien à une cabale contre Donwahi.un journal, c’est pas le juge. personnellement, je trouve cet homme incompétent. car à la tête de la grande muette, il y a étalé sa grande incompétence lors de la mutinerie des gens de sors . mais dites! Les dernières infos ont présentées un homme qui a mieux travailler au poste qu’il occupait. pour résumer, je suis certain que le ministre avait des relations avec les trafiquants pris .on sait comment fonctionnent les libanais en côte d’ivoire. Je pense personnellement(ce que je dis n’engage que moi) que ces bandits ont profité de leurs proximité avec lui pour s’enrichir illicitement. laissons la justice travailler. quittons les à priori. un ivoirien est à la tête de COP15 soyons en fière, apportons lui notre soutien.
    courage!

  2. LES INSUBMERSIBLES…
    En Europe, une « petite » ex-jet setteuse de riche et noble lignée devenue mère de famille nombreuse, trône à la tête de la Commission de cet espace économique. Sans avoir été élue, elle prend des décisions auxquelles se plient tous ces pantins, mais plus grave, fait marcher le monde vers le précipice d’une apocalypse nucléaire. Ursulla Von Leyen (c’est bien d’elle qu’il s’agit), a interdit les médias russes en Europe, envisage des embargos plus arburdes les uns que les autres, a décidé de faire accéder au surarmement l’Ukraine là où la négociation, la diplomatie et le compromis auraient permis la désescalade et la paix. On oublie souvent que ce petit bout de femme avait été chassée du gouvernement de Angela Merkel pour… graves malversations et corruption. Il n’empêche, elle a trouvé le moyen de refaire surface à la tête de la Commission Européenne. Déjà sa famille compte, et celle de son mari plus encore, issus d’une longue lignée de richissimes hommes d’affaires, industriels et banquiers. Insubmersible, elle le reste.

    Chez nous, Donwahi cest kif-kif : Donwahi-père était selon la légende, le représentant officieux des intérêts françafricains en Côte d’Ivoire voire même de l’Afrique de l’Ouest, jusqu’à sa mort. Alors donc, son fils peut n’avoir rien fait de notable, avoir sabordé l’armée lors de son passage à la tête du département, avoir partie liée aux trafics d’essences rares,… il re-émergera toujours quelque part, surnageant avec maestria au-dessus des flots des scandales. Au moins chez nous, Donwahi n’est un danger que pour quelques arbres, au contraire de l’autre insubmersible d’Europe qui nous fait foncer tout droit vers une 3ème guerre mondiale !

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