« Pas besoin d’un gouvernement d’union nationale», quand Macron refuse aux Français ce qu’il demande aux pays Africains

Malgré la perte historique de sa majorité absolue à l’Assemblée nationale française, Emmanuel Macron et ses principaux opposants, curieusement, n’ont pas réussi à s’entendre sur un gouvernement d’union nationale. Toute chose qu’ils ne cessent pourtant d’imposer aux dirigeants africains, conscients qu’ils sont, du caractère paralysant de ce type de « panier à crabes ».

Faisant preuve d’une « solennité » frisant l’arrogance, durant son 1er discours aux Français depuis les législatives, et tel un des monarques des nombreuses « monarchies-parlementaires » entourant la France, Macron a appelé les partis d’opposition, pourtant majoritaire à l’Assemblée, à adopter des postures «responsables». (Adiko Etien)

Emmanuel Macron souhaite « trouver une majorité plus large et plus claire pour agir »

Avec 246 députés, la plus petite majorité de la Ve République est si faible qu’elle devra négocier sur chaque réforme pour pouvoir gouverner.

Le Monde

Après deux jours de consultations politiques faisant suite à la perte de sa majorité à l’Assemblée nationale dimanche, le président de la République, Emmanuel Macron, a choisi de faire une allocution télévisée, mercredi 22 juin.

« Je ne peux d’abord ignorer la forte abstention qui nous oblige tous à redonner davantage de sens à nos actions collectives, de lisibilité aux grands rendez-vous démocratiques, a-t-il déclaré en guise de prélude. Je ne peux pas davantage ignorer les fractures, les divisions profondes qui traversent notre pays et se reflètent dans la composition de la nouvelle Assemblée. »

Le chef de l’Etat a ensuite dressé un bilan des entrevues qu’il avait eues avec les différents chefs de file des partis politiques. « La plupart des dirigeants que j’ai reçus ont exclu l’hypothèse d’un gouvernement d’unité nationale, laquelle d’ailleurs à mes yeux n’est pas justifiée, a-t-il déclaré. Je crois qu’il est donc possible, dans le moment crucial que nous vivons, de trouver une majorité plus large et plus claire pour agir. » Et d’ajouter son souhait que « ce dépassement politique se poursuive avec clarté et responsabilité ».

« Notre pays, plus que jamais, a besoin de réformes ambitieuses pour continuer de créer plus de richesses et innover davantage », a-t-il ajouté en précisant qu’il veut mettre en place des mesures d’urgence pour « répondre aux besoins du pays et de notre quotidien », en particulier grâce à la future « loi sur le pouvoir d’achat ».

Plus petite majorité de la Ve République
Et de conclure son allocution en demandant aux « différentes formations de l’Assemblée nationale » de « clarifier dans les prochains jours la part de responsabilité et de coopération [qu’elles] sont prêtes à prendre ».

Car, avec 246 députés, soit la plus petite majorité de la Ve République, La République en marche et ses alliés – MoDem et Horizons – sont loin des 289 sièges nécessaires pour obtenir la majorité absolue. L’exécutif va être contraint de négocier sur chaque réforme pour pouvoir gouverner face à 142 élus de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale et un futur groupe Rassemblement national fort de 89 députés – un record pour l’extrême droite ; Les Républicains comptabilisent, eux, 64 sièges de députés.

La recherche d’une «union nationale» par Emmanuel Macron n’a aucun sens dans un pays qui n’est pas en guerre. Le Président joue cette carte seulement pour piéger ses oppositions et les rendre, à termes, responsables des «blocages» législatifs à venir.

par Lilian Alemagna

Le pays n’a pas besoin d’une «union nationale» mais d’une coalition

On a donc appris par l’intermédiaire du secrétaire national du Parti communiste (PCF), Fabien Roussel, puis par Marine Le Pen du Rassemblement national (RN), qu’Emmanuel Macron «envisage [ait]» la mise en place d’un «gouvernement d’union nationale» afin de trouver «les voies pour sortir de la situation politique» issue des élections législatives. Mais pour quelles raisons ? La France est-elle en guerre comme lorsque droites et gauches acceptèrent de gouverner ensemble de 1914 à 1920 sous la bannière de l’Union sacrée autour d’Aristide Briand et Georges Clemenceau ? Ou bien lorsque gaullistes, socialistes et communistes résistaient ensemble au sein du Conseil national de la Résistance puis, pour certains d’entre eux, remettaient sur pied la République au sein du Gouvernement provisoire de la République française ? Ou enfin celui de Gaston Doumergue, mis en place après les manifestations de ligues fascistes devant la Chambre des députés, le 6 février 1934 ? Ce dernier avait tenu… neuf mois..

Liberation.fr 

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