Le panafricanisme serait-il une vue de l’esprit ?

Selon les théoriciens rapportés par Wikipédia, le panafricanisme est un mouvement politique qui promeut l’indépendance du continent africain et encourage la pratique de la solidarité entre les Africains et les personnes d’ascendance africaine, où qu’ils soient dans le monde. Le panafricanisme est à la fois une vision sociale, économique, culturelle, et politique d’émancipation des Africains. C’est un mouvement qui vise à unifier les Africains du continent et de la diaspora africaine en une communauté africaine mondiale. Le cœur de son principe consiste en la certitude que les peuples d’Afrique et de la diaspora partagent une histoire et une destinée commune et que leur progrès social, économique et politique est lié à leur unité. Son objectif ultime est la réalisation d’une organisation politique intégrée de toutes les nations et peuples d’Afrique.

Le mot « panafricain » est apparu à la fin du xixe siècle lors de la préparation de la Première Conférence panafricaine de 1900. Historiquement, l’idée se développe en réaction aux conséquences du démantèlement progressif de l’esclavage en Amérique. L’expansion du panafricanisme se retrouve dans les écrits et discours de quelques figures fondatrices, parmi lesquelles Edward Wilmot Blyden et Anténor Firmin. Au début du xxe siècle, d’autres figures telles que Bénito Sylvain, W. E. B. Du Bois ou Joël Augustus Rogers contribuent à l’affirmation politique du projet panafricain.

Avec la décolonisation, celui-ci prend une ampleur nouvelle et se retrouve incarné par des dirigeants tels que Kwame Nkrumah, Patrice Lumumba, etc. Encore aujourd’hui, le panafricanisme s’exprime en Afrique comme dans les anciennes puissances coloniales dans les domaines politique, économique, littéraire ou encore culturel. La plus grande organisation panafricaine aujourd’hui est l’Union africaine. Voilà ce que dit la théorie sur le panafricanisme. Voyons à présent ce qu’il en est de la pratique de ce mouvement panafricain.

Dans la pratique, l’Africian est combattu par son propre « frère » africain pour des intérêts personnels à la différence des européens qui sont solidaires entre eux. Les Européens se supportent, s’entraident surtout en face d’un non européen pendant que les Africains se torpillent, se jalousent, se méfient les uns des autres. Pareil pour les asiatiques, les hispaniques. C’est en milieu africain qu’on trouve encore les pratiques de sorcellerie dans le but d’empoisonner rien que pour éliminer l’autre africain d’en face. Les conflits de leadership font place au maraboutage, au “Moi”. Dans mon village, dans ma région il faut que ce soit moi et moi seul. Tout doit porter mon nom. Gare à celui qui va oser être sur mon chemin, je comploterai contre lui et il perdra son poste de travail, il n’aura plus l’estime de son patron, il perdra sa notoriété.

C’est ce genre de personnes qui sont à la fois ministres, députées, présidents des conseils régionaux, chef de village, etc dans leur région. Ces pratiques sont encore plus fortes à la veille de chaque élection et à la veille de chaque remaniement ministériel. Je suis le président de la république, je suis le ministre, je suis le député, je suis le plus instruit avec le plus haut diplôme universitaire dans ma région, le plus gradé, je suis DG, PDG, je vis en d’europe, au Canada, aux USA, je ne suis pas n’importe qui, etc. etc tout doit porter mon nom, on doit me vénérer, on ne doit pas me contredire, voilà dépeint l’africain égoïste dans toute sa splendeur.

Il y a un manque de solidarité entre les dirigeants africains, tous hypocrites les uns envers les autres. Les Africains ne s’aiment pas entre eux. Ils sont prêts à comploter, à regarder avec mépris, dédain, jalousie leur confrère africains qui a réussi, esprit d’en découdre avec lui spirituellement ou même physiquement. Tous les dirigeants africains démis de force sont le fait d’autres africains qui ont comploté contre eux. Les exemples sont nombreux mais je ne veux pas citer de noms volontairement pour ne pas heurter qui que ce soit.

Dans les lieux de travail, l’ennemi de l’Africain c’est l’africian. L’africain devenu patron va torpiller les africains qui ne sont pas du même pays d’origine que lui jusqu’à ce que ceux-ci démissionnent ou soient renvoyés. Les africains se regroupent par affinités socio-culturelles. Les ressortissants d’un même pays se regroupent, se retrouvent entre eux. A l’intérieur même de chaque pays, des sous groupes se forment par ethnies ou religions. A l’intérieur des groupes ethniques le réflexe familial apparaît. A ce niveau micro familial également des discriminations apparaissent entre les membres d’une même famille. Les enfants ne s’aiment pas, Au décès des parents c’est le pire car chacun va de son côté après avoir dilapidé l’héritage laissé par les défunts parents.

Dans ce mouvement panafricaniste, que dit-on des africains arabes ou africains blancs? Quelle est leur position vis-à- vis du panafricanisme? Il Semble que pour ces marocains, égyptiens, algériens, tunisiens, etc, le panafricanisme ne concerne que les noirs d’Afrique, pas eux les blancs d’Afrique”. Regardons leurs comportements depuis l’histoire jusqu’à nos jours vis- à-vis des autres africains? Il se dit que la traite des noirs serait aussi partie de la. Les blancs se seraient servis des africains arabes pour maltraiter les africains noirs.

Ici aux USA, les Noirs américains ne se sentent pas africains à quelque 2% près. Ils regardent même les Africains avec mépris. Il y a deux sentiments qui les animent. Le premier sentiment est qu’ils n’apprecient pas d’avoir été vendus par les Africians lors de l’esclavage. Le second sentiment est qu’ils estiment que les Africains viennent prendre leur place dans les boulots et dans les programmes d’assistance sociale. Ils traitent même les Africains d’hommes et femmes sales et de pauvres sans éducation. Voilà rapportée brièvement la pratique du soi-disant mouvement panafricanisme. Voyons à présent ce que j’en pense.

De mon point de vue

J’estime, compte tenu de ce qui précède, qu’il y a un contraste entre ce que théoriquement le panafricanisme est censé prôné et son utilisation pratique. Pour moi le panafricanisme doit cesser d’être une vue de l’esprit et revoir ses ambitions, ses objectifs en commençant à la maison d’abord. Le panafricanisme a beaucoup de travail à faire. Dans la famille, le panafricanisme doit commencer par sensibiliser, apporter des messages sur l’éducation parentale, l’amour du prochain, la solidarité, l’entraide en rejetant l’esprit de jalousie.

Au sein des familles africaines, les valeurs culturelles africaines doivent être inculquées à l’enfant très tôt. L’enfant doit grandir avec des préceptes d’amour de soi, d’amour d’autrui et surtout d’amour et de partage entre africains. L’éducation nationale doit intégrer ces préceptes fondamentaux aussi dans le cursus pédagogique des élèves et étudiants. Le panafricanisme ne doit pas être perçu comme un mouvement dirigé contre les non africains mais un mouvement d’amour et d’entraide entre africains. Le panafricanisme doit également prôner l’amour de soi, la fierté d’être né africain et sans complexe. Donc s’aimer, aimer l’autre et accepter sa réussite, le succès de l’autre sans chercher à le nuire mais plutôt à faire comme lui tout en cherchant son propre chemin de réussite.

Je ne suis pas d’accord avec les défenseurs actuels du panafricanisme qui se dressent uniquement contre les non africains notamment les occidentaux. Les occidentaux ne peuvent rien faire si les africains que nous sommes nous sommes soudés, dans l’amour, dans le travail, si on se supporte. Ils ne peuvent jamais fissurer nos murs. Au village on dit que tant que tu n’as pas livré ton mouton, celui-ci pourra toujours vivre dans le village sans être inquiété. Ce sont les Africains qui ont toujours livré leurs frères africains.

Si l’ennemi vient avec la force qu’il trouve un peuple soudé, déterminé, il ne pourra pas exterminer tout le monde. Quel que soit le nombre de bateaux de pêche, il y aura toujours beaucoup de poissons dans les eaux. Donc ces ennemis repartiront découragés. On l’a vu en Asie. Les Américains ont abandonné leur guerre d’occupation aux Philippines et en Indonésie, pareils pour les anglais. C’est en Afrique qu’ils ont trouvé certes des résistances aussi mais des résistances émiettées, dispersées qui ne pouvaient donc pas les inquiéter d’autant plus que ces africains n’étaient pas solidaires entre eux.

Regardez par exemple ce qui se passe dans les importations des produits de consommation. C’est en Afrique qu’on déverse les produits avariés, les produits de seconde main, restés longtemps dans les congélateurs et source de cancers avec la complicité de nos dirigeants qui privilégient les importations des produits alimentaires et autres. Non seulement ces produits nuisent à la santé des populations mais defavorisent aussi les entrepreneurs nationaux dont les produits sont jugés de seconde zone. On devrait promouvoir, la production nationale concrètement et non pas du bout des lèvres, promouvoir également le commerce inter africain, la circulation inter africaine, mais non. Nos propres organisations comme l’Union africaine, la CEDEAO, etc sont sous tutelles et donc sous contrôle des occidentaux avec notre complicité.

Alors chers défenseurs du panafricanisme, cesser de dire que nos problèmes en Afrique ce sont les autres. Avant d’accuser les autres nous mêmes que faisons nous, qu’avons nous fait? Pourquoi les asiatiques l’ont réussi pourquoi pas nous? Nous avons même honte de notre culture, de notre histoire, de nos langues, de nos habits, de nos danses, etc. J’estime que le panafricanisme doit être redéfini pour mieux ré-orienter le mouvement. Nous devons cesser de pleurer que les autres nous frappent alors que c’est nous qui leur donnons l’opportunité de nous frapper.

Les occidentaux ne cherchent que leurs intérêts économiques à travers les alliances, et les soient disant amitiés. Pourquoi acceptons-nous des espions occidentaux dans nos réunions en Afrique sous couvert de partenariat? Pourquoi n’avons nous pas le courage de dire par exemple que cette réunion est réservée exclusivement aux Africains? Pourquoi l’Union Européenne participe-t-elle au financement de l’Union Africaine et cela ne dérange personne en Afrique?

Pourquoi les dirigeants africains évitent-ils d’approcher un des leurs que l’Occident évite de rencontrer? L’amitié entre l’Africain et le Blanc est basée sur l’hypocrisie avec un fond de complexe de supériorité du Blanc et un complexe d’infériorité de l’Africain. Pendant que l’Africain est fier d’avoir un ami Blanc celui-ci ne cherche dans cette relation que d’autres objectifs. Comment ont terminés les Bokassa, Mobutu, Nasser, Idiamin, etc, tous ceux qui se prennaient pour amis de Blancs?

Les dirigeants africains doivent aussi cesser de s’appuyer sur les occidentaux pour s’accrocher au pouvoir contre le gré de leurs populations. Les dirigeants africains doivent accepter la transparence dans la gestion des élections afin que les occidentaux commencent un jour à nous respecter. Nous devons pratiquer la démocratie comme ils la pratiquent chez eux et vous verrez qu’ils arrêteront de nous manipuler. Alors amis du panafricanisme, la balle est plutôt dans notre camp, nous les africains.

En conclusion, si le panafricanisme fait la promotion de l’estime de soi, l’amour du prochain, la solidarité, le respect des valeurs culturelles africaines, la rigueur dans le travail, personne ne viendra nous manipuler, personne ne viendra nous diviser pour régner. Le panafricanisme doit revoir ses ambitions. Il doit être plus réaliste, se coller à l’évolution des temps modernes et se concentrer davantage sur les valeurs culturelles et la solidarité vraie entre Africains dans le travail pour le développement du continent.

Merci

Dr. Charles Koudou, Administrateur de la Santé

Consultant Indépendant en Santé et Développement

Fondateur de la Société Civile Conscience nationale pour le Développement

koudoucharles@gmail.com facebook@charleskoudou

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