Euro/Fcfa: Importante hausse des taux de la Banque centrale européenne, en Italie son ex président Draghi perd la primature (actualisé)

La Banque centrale européenne (BCE) a relevé ses taux d’intérêt d’un seul coup d’un demi-point de pourcentage ce jeudi, soit plus que ce à quoi les analystes s’attendaient.

La hausse des taux, la première depuis 2011, met fin à une période inhabituelle de huit ans de taux d’intérêt négatifs.

La BCE veut par cette mesure, freiner l’inflation vertigineuse dans la zone euro.

En termes de taille, cette hausse est extraordinaire, car une mesure similaire à 0,5 point de pourcentage ou plus ne s’était produite que pendant la crise financière de 2008-2009 et pendant la crise des dot-com en 2001.

La hausse des taux s’applique aux trois principaux taux d’intérêt de la banque centrale. Le taux d’intérêt de la facilité de dépôt, grâce à laquelle les banques stockent temporairement de l’argent à la BCE, passera de -0,5% à 0%. Le taux refi (l’intérêt que les banques paient à la banque centrale lorsqu’elles retirent de l’argent) passe de 0 % à 0,5 %, et le taux de prêt de 0,15 % à 0,75 %.

Les analystes s’attendaient à une hausse de 25 points de base (0,25 point de pourcentage), ou de 50 points de base (0,5 point de pourcentage), alors que l’inflation reste élevée, que la crise énergétique s’aggrave et que l’économie se dirige vers la récession.

Au même moment, l’Italie [3e économie de la zone euro] vient de lâcher son premier ministre Draghi, de surcroît un ancien président de la banque centrale, le prédécesseur de Christine Lagarde.

Dans la vie de tous les jours, une hausse des taux d’intérêt fait monter toutes sortes de taux d’intérêt, des intérêts hypothécaires et des intérêts actuariels aux intérêts d’épargne et aux intérêts sur les marchés des capitaux pour les obligations d’État de tous les pays de la zone euro.

De plus, les écarts de taux d’intérêt entre les pays de l’euro faible et fort se creusent. L’Italie payera beaucoup plus d’intérêts pour sa dette publique que les pays « dits du nord » tels que les Pays-Bas ou l’Allemagne. Toute chose qui pourrait devenir problématique pour les pays du sud de l’Europe et ainsi, jeter les bases d’une nouvelle crise de la dette et d’une autre fragmentation des pays membres de l’euro.

En ce sens, la crise politique née de la «démission forcée» du PM italien n’augure rien de bon, quand on garde en tête que les Russes continuent de bombarder les Ukrainiens tout en coupant leur gaz à l’Allemagne, pays de tes loin la première puissance économique de l’Union européenne. Pour le sous-continent européen ça commence par faire trop.

Franc CFA

Les États membres de la zone Cfa, à parité fixe avec l’euro ne seront pas indifférents à ce qui se passera aujourd’hui à Frankfort.

Une hausse des taux d’intérêts de l’euro aura en effet forcément de la répercussion pour ces pays, déjà déficitaires sur le 1er trimestre 2022 sur leur balance de commerce extérieur [plus d’1 milliard d’euros de déficit, pour la seule zone Uemoa].

De plus, ces pays, qui importent plus qu’ils exportent, sont déjà confrontés aux conséquences de la dévaluation de l’euro face au dollar, de l’inflation, des prix élavés de l’énergie etc.

Gbansé, Douadé Alexis

La fin de l’ère de Mario Draghi en Italie, un choc pour toute l’Europe

ÉDITORIAL Le Monde

Le premier ministre italien a annoncé sa démission. L’effondrement de sa coalition place le pays, mais aussi la zone euro et toute l’UE, dans une zone de fortes turbulences économiques et géopolitiques.

Le moment ne pouvait pas être pire pour l’Italie, pour la zone euro et pour l’Union européenne (UE) tout entière. Le désaveu infligé au premier ministre italien, Mario Draghi, au cours d’une folle journée au Parlement, mercredi 20 juillet, suivie par l’annonce de sa démission, jeudi, qui devrait logiquement aboutir à l’organisation de nouvelles élections, survient alors que les orages s’accumulent sur la Péninsule, au risque d’une inquiétante déstabilisation.

Le pays, affaibli par le Covid-19, plombé par sa dette impressionnante et ses taux d’emprunt prohibitifs, compte sur les quelque 200 milliards d’euros du plan d’urgence européen post-pandémie dont il est, avec l’Espagne, le premier bénéficiaire. Or le dirigeant italien, arrivé au pouvoir en février 2021, lui-même ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), était considéré à Bruxelles comme le garant d’un retour à la confiance par des réformes destinées à remettre sur les rails l’Italie, perçue comme le maillon faible de la zone euro.

L’effondrement de la coalition qui soutenait M. Dragh [est intervenu] à quelques heures d’annonces délicates de la BCE, qui cherche à limiter le décrochage des taux d’intérêt sur les dettes souveraines plombant l’exécutif italien, tout en cherchant à juguler l’inflation. La crise survient aussi alors que l’Italie, dont 40 % du gaz consommé est importé de Russie, subit les conséquences de la guerre en Ukraine sur ses approvisionnements en énergie.

Des formations au lourd passé
Cette « tempête parfaite » a été déclenchée par la défection de Forza Italia, le parti de droite de Silvio Berlusconi, de la Ligue, la formation d’extrême droite de Matteo Salvini, et de la formation antisystème Mouvement 5 étoiles (M5S), qui, mercredi, ont refusé de participer à un vote de confiance demandé par M. Draghi au Sénat. Ainsi a pris fin le paradoxe qui voulait que cohabite le Parlement le plus eurosceptique de l’histoire de l’Italie avec un président du conseil personnifiant le sauvetage de la zone euro après la crise financière de 2011, finalement appelé à la rescousse en Italie en 2021 pour sortir le pays de la crise du Covid-19.

Déstabilisante pour la zone euro, la crise politique italienne l’est aussi pour les Vingt-Sept, au moment même où ils mettent en œuvre l’innovation historique que constitue le plan de relance financé par une dette commune. La capacité de Mario Draghi à réformer l’Etat italien et à utiliser les fonds européens pour relancer l’économie était considérée, notamment à Berlin, comme un test du bien-fondé de cette solidarité européenne.

Sa démission, au moment où deux autres piliers de l’UE, le chancelier Scholz et le président Macron, sont affaiblis – le premier par les conséquences de l’agression russe en Ukraine, le second par la perte de sa majorité parlementaire –, représente un choc majeur pour la consolidation de l’Union, pour son leadership et pour sa cohésion sur la scène internationale.

L’éclatement de la coalition gouvernementale met à nu les tensions extrêmes que connaît l’Italie dans son rapport avec la Russie. Ayant imposé une ferme politique de sanctions à l’encontre de Moscou, Mario Draghi s’est heurté à la russophilie de ses alliés de circonstance, en particulier la Ligue et Forza Italia, et d’une partie du patronat.

On mesure le bouleversement géopolitique que constituerait le retour au pouvoir, à l’occasion de prochaines élections, en pleine inquiétude énergétique à l’approche de l’hiver, de ces formations au lourd passé de complaisance avec Vladimir Poutine.

Aux Italiens proeuropéens de se mobiliser et à l’UE d’agir avec doigté pour éviter ce scénario de cauchemar.

Le Monde

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