Laurent Gbagbo aurait-il sacrifié sa lutte politique au profit de l’amour pour sa “petite femme”?

Les hommes publics, qu’ils soient politiciens ou hommes d’affaires , etc, leurs ennemis ou leurs adversaires passent toujours par les femmes pour les atteindre. La galaxie patriotique en Côte d’Ivoire est en train d’en faire les frais. C’est maintenant que Laurent Gbagbo trouve les pouls sur la tête de sa femme Simone, sa compagne de lute politique de depuis 1973 en prison d’après lui-même. Simone ne l’a jamais empêché d’avoir ses milliers de copines au dehors. Mais alors pourquoi cette séparation voulue et médiatisée sciemment?

Cela ressemble à un chantage du genre: Tu dois la chasser à l’aéroport, tu dois te separer d’elle publiquement, tu dois prouver aux yeux du monde que ta femme c’est moi et que tu t’étais trompé en la prenant comme épouse. Retourne à l’église catholique si tu ne peux pas être musulman. Non seulement tu dois te débarrasser d’elle mais aussi tous ceux autour de toi qui s’approchent d’elle. Je ne veux plus te voir avec tes pasteurs vautours. Voilà en quelque sorte les conditions que je te pose, à prendre ou à laisser. Moi je pense que je n’invente rien, le monde entier a vu tout ce qui s’est passé et continue de voir tout ce qui se passe.

Je pense que sur le plan psychologique Laurent Gbagbo est rentré dans ce jeu et je ne croyais pas si bien dire dans l’un de mes articles que Laurent Gbagbo s’était fait piégé par celle qu’il appelle affectueusement “sa petite femme”, comment pourra-t’il s’en sortir? Cela m’avait valu les injures de certains GORs. Je les comprends et je ne suis pas surpris. Les Africains n’aiment pas qu’on touche à leur fétiche. C’est pourquoi nos leaders ne peuvent pas s’améliorer dans leur façon de gérer nos pays. Ne critique jamais ADO, ni Bédié, encore moins Gbagbo. Chers amis africains et ivoiriens, acceptons les critiques constructives car elles nous aident à nous améliorer ou évitons d’être des hommes politiques publics et des femmes publiques. Menons nos petites vies privées et personne ne nous critiquera plus. Mais tant que nous vivons au dépend des contribuables, les critiques ne manqueront pas que vous le voulez ou pas.

Nelson Mandela a demandé et obtenu le divorce d’avec Winnie deux ou trois ans après sa sortie de prison. Il ne l’a pas fait depuis l’aéroport. Il y a mis de l’élégance, de la patience, de la sagesse, du respect pour sa femme, de la courtoisie. Gbagbo nous a montré une scène totalement différente, lui qui veut revenir au pouvoir mais sans ses sympathisants, sans ses membres, sans la majorité de ceux qui pourraient voter pour lui, ni tous ceux qui espéraient encore le voir revenir au pouvoir. Oui, ses supporters, ses membres d’hier, ses sympathisants sont tous éparpillés aujourd’hui, bizarre le leadership de Gbagbo, n’est-ce pas? Même si certains ont été corrompus et sont partis, avouons que le comportement du patron a aussi et beaucoup contribué à fragiliser la lutte patriotique; c’est là mon point essentiel. Nous oublions qu’en Afrique, le vote est fondamentalement ethnique au détriment des programmes de développement. Les gens se rangent derrière quelqu’un par affinité ethnique d’abord avant toute autre considération.

J’ai aussi dit qu’il ne faut pas mélanger politique donc business, travail et les sentiments personnels. Ce sont des parallèles. Ils ne font pas bons ménages. Ils ne peuvent pas cohabiter ensemble encore moins se croiser. Cela demande une gestion très minutieuse et intelligente. Blé Goudé a félicité Simone à sa sortie de prison. C’est le totem qu’il ne devrait pas manger. Il est automatiquement tombé sous le coup de rupture d’avec Gbagbo, rupture orchestrée par la “petite femme”. Aujourd’hui Blé Goudé fait partie des gens à abattre chez les GORS. On lui trouve tous les défauts, on dit de lui qu’il est un traître, qu’il a comploté contre et complote avec ceci et cela. Gbagbo voit tout, entend tout mais il ne peut rien faire. Il se comporte exactement comme un père dont les enfants orphelins de mère sont maltraités par la femme de maison. Notre petite femme n’a jamais été inquiétée par qui que ce soit alors qu’elle est toujours avec Gbagbo. Elle est avec Bouygues et Bolloré dans les affaires. Or ce sont ces entreprises qui manipulent la françafrique donc l’Afrique.

D’après Affi N’guessan, les GORS sont tous des manipulées de notre petite femme. Les GORS sont les produits de notre petite femme. Toutes les propositions d’Affi Nguessan ont été ignorées parce que le patron refuse la contradiction au sein de la galaxie patriotique pilotée par sa “petite femme”. Ici on rêve de revenir au pouvoir et on rêve d’être la première dame du pays sans y mettre la manière. On a créé un FPI bis pour se maintenir au poste de président du parti sans la moindre élection, ni un semblant d’élection, drôles de démocrates africains. A-t-on pensé une fois que ces faits fragilisent le parti FPI et la lutte? L’enveloppe laissée à Affi ne semble pas si vide qu’on ne l’a pensé. Houphouët l’a dit: « L’humilité n’a jamais été incompatible avec la dignité ». En d’autres termes on peut garder sa dignité tout en étant humble.

Au fait, que deviennent les patriotes qui se rendaient chaque weekend à la Haye pour apporter leur soutien à M. Laurent Gbagbo? Que deviennent les Abou Galié, les Gadji Celi, les Serge Kassi, etc qui ont chanté pour la libération de Gbagbo? Ils sont oubliés. Gbagbo n’a pas eu le courage et l’amabilité de leur dire merci depuis sa sortie de prison il y a plus d’un an aujourd’hui. Savez-vous pourquoi? Ces patriotes ont eu de l’estime pour Simone et ils ont souhaité voir le couple Gbagbo-Simone toujours ensemble. Ils ont même créé et chanté “Simone Ehivet”. Ils y ont cru naïvement. Eux aussi sont donc tombés dans le filet et ils ne sont donc plus en accord avec le patron. Pour approcher Gbagbo, il faut passer par elle, la petite femme.

En Afrique, nos leaders ne se sentent pas concernés par nos élections. Ils sont présidents et doivent être présidents. Les élections claires c’est pour les autres. Demain s’il est contesté, ne soyons pas surpris qu’il crée un autre FPI numéro 3 après FPI 2 avec une autre nouvelle appellation. Pareil cas aussi pour les autres leaders Bédié et Ouattara. Les débats contradictoires sont abolis dans leurs partis politiques. Les patrons parlent et on applaudit, c’est tout. Tes idées, tes bonnes idées, garde -les pour toi ou va créer ton club politique qui deviendra très vite un club de soutien de toutes les façons. Gare à celui qui va un jour parler de réduire les pouvoirs du président de la république, il regrettera toute sa vie or c’est là la source de nos problèmes en Afrique: les excès des pouvoirs de nos chefs d’états et personne n’en parle.

Bref, pour en venir à M. Gbagbo, je pense que l’homme est fatigué et il a trouvé refuge quelque part et un bon prétexte. La lutte patriotique, la lutte pour la souveraineté, la lutte pour revenir au pouvoir, n’y croient encore que ceux qui refusent d’ouvrir les yeux. Je voudrais que l’homme ait le courage de passer le flambeau démocratiquement à un autre qui va reconstituer tous les morceaux émiettés pour continuer la lutte si c’est encore possible. Il peut être Président d’honneur du mouvement. Je sais qu’avec Dieu tout est possible mais je veux être réaliste c’est pourquoi j’invite tous ses supporters à ouvrir les yeux dans l’intérêt de leur lutte et dans l’intérêt même de Laurent Gbagbo lui-même. Il aura marqué l’histoire politique de son parti mais aussi l’histoire politique de la Côte d’Ivoire toute entière.

Merci

Dr. Charles Koudou, Administrateur de la Santé

Consultant Indépendant en Santé et Développement

Fondateur de la Société Civile Conscience nationale pour le Développement

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