La Chine annule 23 prêts accordés à 17 pays africains

Régulièrement accusé d’entraîner des pays africains dans le « piège de la dette », l’empire du Milieu tente de polir son image sur le continent, dans un contexte de rivalité accrue avec les puissances occidentales.

Le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi (photo), a annoncé le jeudi 18 août, que Pékin annulera 23 prêts sans intérêt accordés à 17 pays africains, et qui sont arrivés à échéance à fin 2021.

S’exprimant par visioconférence lors d’une réunion des coordinateurs sur le suivi de la mise en œuvre des décisions de la 8e conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC 8), tenue à Dakar en novembre 2021, le chef de la diplomatie chinoise a précisé que l’annulation de ces prêts, dont le montant n’a pas été dévoilé, s’ajoute à plusieurs actions similaires prises auparavant par l’empire du Milieu, citant notamment l’annulation de plus de 3,4 milliards de dollars et la restructuration d’environ 15 milliards de dollars de dettes accordées à des pays africains entre 2000 et 2019.

« Nous sommes convaincus que l’amitié Chine-Afrique résistera à toutes les épreuves, qu’il s’agisse de vents ou de tempêtes. Elle continuera d’être l’épine dorsale de la coopération Sud-Sud et un bel exemple dans les relations internationales », a-t-il déclaré.

M. Yi a également indiqué que Pékin continuera à fournir une aide alimentaire, économique et militaire à l’Afrique, tout en précisant que Pékin soutiendra l’Union africaine (UA) dans ses efforts pour rejoindre le G20.

Il a d’autre part condamné la « mentalité de guerre froide à somme nulle de l’Occident », et proposé la mise en place d’un modèle basé sur une « coopération multipartite avec l’Afrique qui apporte des résultats gagnant-gagnant » pour toutes les parties.

« L’Afrique accueillerait favorablement une coopération mutuellement bénéfique pour le bien-être des populations, et non une rivalité entre grandes puissances pour des gains géopolitiques », a-t-il lancé.

Premier créancier bilatéral du continent

La Chine est le premier créancier de huit pays africains éligibles à l’initiative de suspension du service de la dette (DSSI), selon une étude publiée en juin dernier par Green Finance & Development Center, un think tank basé à Shanghai. Cette étude précise que Pékin détient 55% de la dette de Djibouti, 42% de celle de la République du Congo et 34% de celle de l’Angola. Les autres pays du continent dont l’empire du Milieu est le premier créancier sont : la Guinée (32% du stock total de la dette), les Comores (31%), le Cameroun (29%), la Zambie (25%) et le Togo (24%).

Selon le Global Development Policy Center de l’Université de Boston et la China Africa Research Initiative de l’Université Johns Hopkins, Pékin a prêté environ 150 milliards de dollars aux pays africains, depuis l’an 2000, principalement par l’intermédiaire de la China Eximbank (60 %) et la China Development Bank (25 %).

Des ONG et des responsables occidentaux accusent régulièrement la Chine d’utiliser le « piège de la dette » pour exercer une influence sur ses partenaires africains, voire pour les obliger à céder le contrôle de certains actifs précieux lorsqu’ils ne peuvent plus rembourser. Une étude publiée en juin dernier par deux chercheurs occidentaux (Nicolas Lippolis, du département politique & relations internationales de l’Université d’Oxford, et Harry Verhoeven, du Centre d’étude de la politique énergétique mondiale à l’Université de Columbia) a cependant conclu que les créanciers privés occidentaux sont le principal moteur de l’accumulation des stocks de dettes sur le continent depuis 2004, même si la Chine demeure le premier créancier bilatéral du continent.

En 2020, la Chine avait soutenu le plan d’allègement de la dette du G20 pour les pays les plus pauvres de la planète, en acceptant de différer le remboursement de 5,7 milliards de dollars de dette entre mai 2020 et décembre 2021.

Début août, Pékin a également accepté une restructuration de la dette de la Zambie, et invité les créanciers privés de ce pays à « s’engager sans délai » à négocier un allègement de la dette « à des conditions au moins aussi favorables ».

(Agence Ecofin)

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