La gauche en Côte-d’Ivoire: Les egos et la fragmentation (Koulibaly, Simone, Goudé, Gbagbo, Affi…)

La Gauche incarnée par Gbagbo émiettée !

Dans une chronique enlevée qu’il a publiée dès le lendemain de la transformation du Mouvement des générations capables (MGC) en parti politique, Maurice Ferro Bally a mis au grand jour l’implosion du FPI de Laurent Gbagbo qui a gagné la présidentielle de 2000, qui a résisté à la rébellion et qui a régné jusqu’au 11 avril 2011. Une imposition qui,
qu’on le veuille ou non, profite largement au régime RHDP du président Ouattara. Voici cette chronique de Ferro Bally.

« La boucle est bouclée. Né, dans la clandestinité en 1988 afin de
conduire le combat pour le multipartisme, le Front populaire ivoirien
(FPI) est désormais en désordre de bataille et en ordre dispersé. A
l’instar du Parti socialiste français (PS, lancé en 1969 pour refonder
la SFIO), son parrain à l’Internationale socialiste, le FPI a volé en
menus morceaux. Et les similitudes paraissent troublantes. Pascal Affi
N’Guessan a fini par remporter la rude bataille contre ses dissidents
internes. Et, à la tête du FPI depuis 2001, il représente le Olivier
Faure (actuel premier secrétaire du PS) d’un parti fragilisé et en perte
de vitesse.

Car, si le « frondeur » Benoît Hamon a quitté le PS, en 2017, qu’il ne
trouvait plus fédérateur pour créer le parti « Génération », Laurent
Gbagbo (à g.) en a fait autant. L’ancien président de la République a
démissionné, en 2021, du FPI dont il est le fondateur pour porter sur
les fonts baptismaux, en octobre de la même année, le Parti des peuples
africains-section de Côte d’Ivoire (PPA-CI). A son tour, Simone
Ehivet-Gbagbo (au centre), dinosaure du FPI, n’a pas été en reste. Elle
a suivi les premières traces d’Arnaud Montebourg, transfuge du PS en
rupture de ban.

*Le socle électoral d’une Gauche ivoirienne émiettée*

Si un mouvement, L’Engagement (du titre de son livre), a vu le jour, en
2021, pour soutenir la candidature de Montebourg à la présidentielle de
2022 en France, avant de faire long feu, l’ex-Première dame de Côte
d’Ivoire est allée plus loin. Ayant aussi rompu avec le FPI, elle vient
de prendre la présidence d’un groupement politique initié, en 2021, par
ses « filleuls » pour appuyer ses actions: le Mouvement des générations
capables (MGC), destiné à porter sa candidature à la prochaine
présidence de la République. Et le socle électoral d’une Gauche
ivoirienne émiettée au même titre que son homologue française se trouve
aujourd’hui d’autant grignoté que la boîte de Pandore a été ouverte, en
2011 déjà, à la perte du pouvoir d’État.

Le professeur Mamadou Koulibaly, alors président intérimaire au
lendemain de l’arrestation et de l’emprisonnement d’Affi, a claqué la
porte du parti pour créer sa formation politique, Lider. Et à la suite
de la Ligue des mouvements pour le progrès (LMP) des Kablan Appia, qui a
fait défection, le COJEP de Charles Blé Goudé, sorte de clone de la
France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, s’est démarqué clairement du
mentor Gbagbo. Pour afficher son autodétermination, il est sorti de la
défunte coalition de La majorité présidentielle (LMP), pour faire
cavalier seul. N’étant plus allié, il est désigné comme adversaire sur
le terrain politique par le PPA-CI, qui ne ménage ni le FPI ni le MGC.

Laurent Gbagbo
Laurent Gbagbo

Et au sein de la Gauche ivoirienne, la guerre ouverte est déclarée entre
anciens camarades transformés, pour la conquête du pouvoir, en
duellistes. » A la lecture de ce texte, et surtout avec une bonne
observation de la scène politique et la façon de gouverner imprimée par
le régime RHDP d’Alassane Ouattara, inutile de poser la question : A qui
profite l’émiettement du FPI. La réponse coule de source. C’est le
pouvoir en place qui, à défaut d’empêcher le retour de Laurent Gbagbo de
la CPI, aura bien manœuvré et travaillé pour ne lui laisser qu’une
partie de sa machine politique qui était le FPI que l’on connaissait.

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Aujourd’hui, Laurent Gbagbo, acquitté qui garde intactes ses aptitudes
politiques, a créé le PPA-CI qui regroupe bon nombre de ses lieutenants
d’hier, mais il devra se contenter d’une partie de ce qui faisait sa
base électorale. Pis, il devra batailler face à ces partis sortis des
entrailles de son mouvement initial et qui le voient désormais en ennemi
à affaiblir ou à démonter. Après la bataille juridico-diplomatique,
qu’il a gagnée à la CPI, Laurent Gbagbo se voit obligé de mener d’autres
batailles sur plusieurs fronts en Côte d’Ivoire : Celles face au régime
RHDP et celles beaucoup plus imprévisibles contre ses camarades et
lieutenants d’hier qui se sont affranchis de lui.

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