ASML au Pays-Bas, discret leader mondial des semi-conducteurs

Parkings, laboratoires, jardins arborés, cafétérias (six au total, où l’on peut manger une cuisine du monde entier) : tout semble démesuré à Veldhoven (Pays-Bas), dans cette banlieue industrielle d’Eindhoven. C’est là qu’une entreprise néerlandaise encore méconnue du grand public, Advanced Semiconductor Materials Lithography (ASML), a construit un siège grand comme un aéroport. En 1984, ASM – une petite société de pionniers associée au géant Philips, qui les regarde avec un peu de condescendance et les installe dans des baraquements au pied de son QG – compte quelque 300 employés.

Ils sont alors apparemment les seuls à croire à l’avenir de leur projet de machines de lithographie pour la fabrication de semi-conducteurs et à la possibilité de concurrencer les acteurs américains et japonais du secteur. Ils vont souvent frôler la faillite, évitée de justesse grâce à des soutiens venus du gouvernement néerlandais, de Bruxelles. Et de Philips aussi, l’entreprise qui a réellement « fait » Eindhoven, mais qui, empêtrée dans sa réorganisation, n’a peut-être pas compris que son bébé pouvait devenir un géant.

Moins de quarante ans plus tard, ASML emploie très précisément 35 315 personnes, dont 3 300 ont été recrutées au cours des six derniers mois, raconte Monique Mols, chargée de la communication. La société se vante, sur son site Web, d’offrir des « jobs à l’infini », aux Pays-Bas comme dans ses soixante implantations sur les cinq continents.

« Appétit d’innovation technologique »

Dans les bâtiments ultramodernes de Veldhoven, ingénieurs, cadres, techniciens et chercheurs de 119 nationalités assurent le succès foudroyant d’une entreprise dont les dirigeants s’amusent à dire qu’elle est « la plus importante société de haute technologie dont vous n’avez jamais entendu parler ». C’est elle qui fournit les plus grands « fondeurs » de semi-conducteurs : le taïwanais TSMC, l’américain Intel, le sud-coréen Samsung, le chinois SMIC, etc.

A tous ces mastodontes qui auraient pu s’inquiéter de leur possible dépendance aux Néerlandais et à leur savoir-faire unique au monde, ASML a garanti un soutien sans faille, des prix serrés et une assistance fondée sur l’un des principes de ses dirigeants : « La proximité avec le client. » « Je reste admiratif de l’incroyable appétit d’innovation technologique qui se manifeste ici », ajoute Christophe Fouquet, membre du conseil de direction. Ce Français a travaillé en Californie et en Israël avant de rejoindre la société il y a quinze ans, après avoir découvert l’une de ses machines dans un centre de recherche américain.

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Par Jean-Pierre Stroobants (Veldhoven (Pays-Bas), envoyé spécial)

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