Dangers des produits biocides en Côte-d’Ivoire: Les nombreuses questions du président du sénat à 3 ministres

Les produits biocides, large gamme de produits destinés à détruire et contrôler les virus, les bactéries, les algues, les moisissures, les insectes, les souris et les rats, étaient au cœur de la séance d’information parlementaire, qui a eu lieu ce vendredi 7 octobre 2022, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix de Yamoussoukro. Qui sert de lieu d’hémicycle au Sénat.

Etaient invités pour porter les informations nécessaires aux sénateurs, sur la thématique du jour, à savoir «Les produits biocides: quelle règlementation pour une utilisation contrôlée en Côte d’Ivoire?», le Ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani, le ministre du Commerce, de l’industrie et de la promotion des Pme, Souleymane Diarrassouba et le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Jean Luc Assi.

A l’entame des travaux présidés par Bakary Ouattara, président de la Commission de la Recherche, de la Sciences, de la technologie et de l’environnement (Crste), il est revenu au patron du Sénat ivoirien, Jeannot Ahoussou-Kouadio d’adresser ses civilités aux hôtes du jour. Le faisant, il a planté le décor de ce cadre d’échanges.

Ainsi, se penchant sur la problématique qui a focalisé les énergies durant 4 heures de temps, il a donné le sens des produits biocides selon l’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), et la définition au niveau communautaire, Cedeao. Se basant sur « le Règlement portant harmonisation des règles régissant l’homologation des pesticides dans l’espace CEDEAO, adopté le 03 mai 2008, qui apporte une esquisse de définition des termes «biocide et pesticide», il a fait comprendre qu’«au sens dudit Règlement, le terme biocide renvoie à « tout produit utilisé pour combattre des organismes nuisibles, notamment les produits contre les moustiques, les puces, les cafards, les désinfectants d’étables».

Le pesticide, quant à lui, est défini comme toute substance ou association de substances destinée à repousser, maîtriser ou contrôler les organismes nuisibles y compris les vecteurs de maladies humaines ou animales et les espèces indésirables de plantes ou d’animaux causant des dommages ou se montrant autrement nuisibles durant la production, la transformation, le stockage, le transport ou la commercialisation des denrées alimentaires, des produits agricoles, du bois et des produits ligneux, ou des aliments pour animaux.

Il s’agit aussi des produits destinés à être administrés aux animaux pour combattre les insectes, les arachnides et les autres endo ou ectoparasites. Ils concernent, enfin, tous les produits utilisés comme régulateur de croissance des plantes, défoliants, agents de dessiccation, agent d’éclaircissage des fruits ou pour empêcher la chute prématurée des fruits ainsi que les substances appliquées sur les cultures, avant ou après la récolte, pour protéger les produits contre la détérioration durant l’entreposage et le transport.

LES DANGERS QUE COURENT LES POPULATIONS

Faisant partie intégrante du quotidien des populations, les produits biocides constituent un danger pour l’homme. C’est pourquoi, le Président du Sénat, qui, dans le tour d’horizon fait sur les différents produits utilisés, soit dans l’agriculture ou en tant que désinfectant à l’image des gels hydro-alcooliques, a souligné les dangers que courent les populations dans l’utilisation desdits produits biocides.

«Il est constant de remarquer sur le marché des villes et régions de notre pays, de nombreux pesticides sans que l’on sache s’ils sont homologués, autorisés ou non, obsolètes, périmés, frauduleux ou encore stockés dans des conditions idoines. En 2018, le Gouvernement estimait à environ 4 000 tonnes, la quantité de pesticides frauduleux qui entrent chaque année sur le territoire ivoirien… », a-t-il d’emblée fait remarquer avant de faire connaitre le résultat de travaux d’enseignants chercheurs ivoiriens sur les biocides.

« Au demeurant, des enseignants-chercheurs ivoiriens soutiennent que les pesticides illégaux, contenant des substances actives dangereuses, peuvent rester dans les cellules végétales et se retrouver dans les assiettes. Ils précisent, au surplus, que ces produits agissent sur le sang et sur le cerveau, et peuvent conduire à l’infertilité chez l’homme et chez la femme. Ces substances peuvent également causer l’anémie, des troubles rénaux, des maladies et malaises cardiovasculaires, le cancer du cerveau. L’utilisation des pesticides obsolètes entraîne des conséquences sur l’agriculture et conduit à l’appauvrissement des sols par l’accumulation de matières organiques dans les composantes de la terre», a-t-il pointé du doigt. Il préconise donc la recette de la FAO. A savoir «encourager des pratiques agricoles durables, notamment l’agriculture biologique».

Touchant l’utilisation des produits biocides dans l’orpaillage clandestin, Jeannot Ahoussou-Kouadio de relever ceci : « Par ailleurs, au-delà des cadres domestiques et agricoles, de nombreux produits biocides sont également utilisés dans l’orpaillage clandestin. Ce phénomène qui impacte toutes les régions de notre pays affecte les terres arables et pollue les cours d’eaux de notre pays par l’utilisation de produits nocifs tels que le cyanure et le mercure ; ils menacent la nappe phréatique, contaminent les cours d’eau et les sols.Ils sont également responsables de la destruction de la faune et de la flore.»

LES INTERROGATIONS QUE SOULEVENT LA THEMATIQUE

Au regard des dangers que courent les populations et des conséquences néfastes de l’utilisation non contrôlée des produits biocides sur l’environnement et la santé humaine, le n°1 de la Chambre Haute du Parlement de soulever plusieurs interrogations à l’endroit des ministres présents.

« Y a-t-il une liste complète de produits biocides autorisés et homologués sur le marché ivoirien ? La Côte d’Ivoire a-t-elle procédé à l’évaluation de l’impact lié à l’utilisation de ces produits sur la santé des ivoiriens ? Si oui quelles en sont les conclusions ? Quelle est la politique du Gouvernement relative à l’attribution de l’agrément aux entreprises qui fournissent les produits biocides ? Existe-t-il un cadre règlementaire des produits biocides fabriqués sur le territoire national ? La Côte d’Ivoire a-t-elle approuvé des types de substances qui doivent être contenues dans ces produits lors de leur fabrication ? A quelle échelle, l’utilisation des produits biocides dans le cadre des activités agricoles impacte la qualité des fruits et légumes récoltés et par ailleurs celle des terres arables ?

L’utilisation du glyphosate est-elle autorisée en Côte d’Ivoire ?

Quels types de gels hydro-alcooliques sont-ils autorisés en Côte d’Ivoire? Qu’est-ce qui est recommandé en matière de quantité d’alcool dans une solution hydro-alcoolique?

Les entreprises productrices des biocides ont-elles l’obligation de communiquer sur la dangerosité de ces produits ?

Les fabricants de ces produits ont-ils l’obligation d’en préciser les caractéristiques sur l’emballage des produits? L’agriculture biologique, préconisée par les organisations spécialisées des Nations Unies, est-elle mise en œuvre ou à tout le moins expérimentée dans notre pays ?

Le Projet de Gestion des Pesticides Obsolètes en Côte d’Ivoire (PROGEP-CI) et le Groupement Spécial de Répression de l’orpaillage illégal ont-ils les moyens nécessaires pour la mise en œuvre efficace de leurs missions? Quel bilan pouvez-vous faire de leurs actions?», A-t-il interrogé les membres du gouvernement présents au Sénat. Puis il a fait remarquer que « les défis sur le plan alimentaire iront croissants dans les prochaines décennies pour couvrir les besoins de plus 10 milliards d’habitants dans le monde d’ici à 2050. Il est primordial pour notre jeune Etat de trouver l’équilibre essentiel entre, d’une part, la préservation des sols et de l’environnement, et d’autre part, la suffisance alimentaire. »

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