50 morts au Tchad – La répression fait trembler les potentiels créanciers du « tyran » Deby fils

50 morts et 300 blessés. Bilan provisoire. La transition tchadienne connaît son bain de sang ce jeudi 20 octobre soit à peine 24 heures après que le pays soit recalé par le Club de Paris dans sa demande de restructuration dans le cadre de l’initiative G20.

Cette tragédie qui aurait aussi fait 10 victimes du côté des forces de l’ordre fragilise la laborieuse équipe gouvernementale mise en place il y a une semaine.

L’opposant Succès Masra du parti des Tranaformateurs, quasiment le seul à n’avoir pas signé le pacte de Doha, se rappelle au bon souvenir du jeune président Mahamat Idriss Déby qu’il aurait littéralement poussé à la faute. Le long état de grâce dont bénéficiait celui-ci vis-à-vis des Tchadiens et de la communauté africaine et internationale vole aux éclats. Et avec lui l’illusion d’une succession dynastique sans heurts réglée comme du papier à musique.

Les organisations des droits de l’homme dénoncent de graves violations de droits de l’homme. La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et Amnesty condamnent. Le Rapporteur spécial de l’Onu sur les droits à la liberté de réunion pacifique et à la liberté d’association, Clément Voule, avertit que tout recours à un usage excessif de la force contre les manifestants expose leurs auteurs à des poursuites.

Les alliés de « Deby Junior » sont embarrassés. La France précise dans un communiqué qu’elle «ne joue aucun rôle dans ces événements». « Je condamne fermement la répression des manifestations qui ont fait des morts au Tchad », a tweeté de son côté le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, qui est un ancien Premier ministre du Tchad, appelant à une solution pacifique à la crise.

Pour les analystes, le gouvernement de transition a perdu beaucoup de crédibilité en un jour face aux images insoutenables d’une répression d’un autre âge. Le journaliste Narcisse Oredje, ancien étudiant à l’Ecole supérieure de journalisme de Lille, fauché par balle, est l’une des victimes de ce drame.

Autant le général Deby s’était illustré au front, arme au poing face aux terroristes et aux groupes rebelles, autant la jeune transition fait parler d’elle dans N’Djamena intra muros face aux civils désarmés réclamant la démocratie.

En crise depuis la mort, en avril 2021, du président Idriss Deby, qui a gouverné d’une main de fer pendant trois décennies, le Tchad doit trouver une issue rapide à cette crise. Le nouveau Premier Ministre tchadien, Saleh Kebzabo, opposant historique, qui a annoncé un bilan provisoire de 50 morts et 300 blessés promet la mise en place d’une Commission judiciaire pour situer les responsabilités.

Pour sa part, l’opposition s’oppose à tout prolongement de la transition. Ce bras de fer est suivi avec attention par le FMI qui a récemment conclu un accord avec décaissement de 570 millions de dollars en faveur de N’Djamena. Les créanciers bilatéraux du Tchad – la Chine, la France, l’Inde et l’Arabie saoudite – mais aussi Glencore, le plus grand créancier extérieur privé du pays, qui comptaient sur les cours élevés du pétrole pour voir leur débiteur rembourser ses arriérés le savent désormais : la plus grande menace est sécuritaire.

Financial Afrik

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