L’or de l’Umeoa se vend très bien malgré la crise – La Suisse 1èr acheteur [63%], suivie de l’Afrique du sud [19%]…

Les exportations d’or ont poursuivi leur tendance haussière, entamée depuis 2013, ressortant à 6.331,8 milliards de FCFA en 2021, soit une augmentation de 7,3% par rapport à 2020.

C’est ce qu’indique le rapport sur le commerce extérieur de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa) publié le 14 novembre 2022 par la Banque centrale de la région (BCEAO).

Cette évolution s’explique essentiellement par la hausse des volumes expédiés, en raison du dynamisme des activités aurifères, notamment au Burkina, en Côte d’Ivoire et au Mali, modérée toutefois par le recul des cours internationaux (-2,4%) de ce produit.

Pour rappel, indique le rapport, l’or était quasiment la seule matière première à avoir connu une hausse en 2020, en raison de son rôle de valeur refuge dans le contexte de la crise de covid-19.

Les principaux pays de destination de l’or de l’Union sont la Suisse (63,6%), l’Afrique du Sud (19,8%), et l’Inde (4,4%).

L ’or occupe la première place des exportations de l’Union avec une part de 30,9% en 2021, après 32,2% en 2020.

Alexis Gbansé Avec FinancialAfrik

Suisse-Afrique : le quasi-monopole suisse sur l’or fait des envieux

La confédération abrite l’un des plus importants stocks d’or de la planète, elle en raffine aussi deux tiers de la production mondiale. Un rapport au métal précieux qui a beaucoup évolué, reste fort et, inévitablement, fait des envieux.

Grand Format – Suisse-Afrique : un partenariat en or – Le quasi-monopole suisse sur l’or fait des envieux Heureux comme un Africain en Suisse ?

« On dit que les Suisses aiment l’argent. C’est une calomnie. Ils aiment l’or aussi », assure un vieil adage. Le constat semble toujours d’actualité. Fin 2014, plusieurs députés de la très conservatrice Union démocratique du centre réussissaient à mobiliser la nation lors d’une votation populaire pour lui demander de « sauver l’or suisse ».

L’objectif était d’obliger la Banque nationale suisse (BNS) à posséder 20 % de ses actifs en or physique (contre moins de 8 % actuellement), stocké exclusivement en Suisse (alors que 30 % sont placés dans les banques centrales britannique et canadienne) et interdit de vente.

Si l’initiative n’a pas recueilli la majorité, elle a trouvé auprès de la population « un certain écho, basé sur des peurs irraisonnées héritées des époques inflationnistes qui ont secoué le capitalisme européen », sourit un banquier genevois.

Comme si le pays était encore traumatisé par la vente à marche forcée, entre 2000 et 2008, de plus de deux tiers de ses réserves, soit 1 550 tonnes d’or, à la suite de la décision de Berne d’abandonner l’obligation constitutionnelle de couvrir 40 % de ses émissions monétaires en métal jaune.

Que les citoyens suisses se rassurent : avec des réserves de 1 040 tonnes, la confédération reste le pays qui dispose du plus important stock d’or par habitant au monde, soit 128 g, loin devant les Libanais (48 g), les Allemands (42 g), les Français (38 g) et les Américains (26 g).

La relation particulière qu’entretient la Suisse avec le métal précieux est encore plus ancienne que le système financier du pays. S’appuyant sur sa neutralité et sa stabilité politique, ainsi que sur la discrétion proverbiale de ses banquiers, la confédération s’est imposée au fil des siècles comme le refuge naturel d’une valeur qui l’est tout autant.

LA CONFÉDÉRATION S’EST IMPOSÉE AU FIL DES SIÈCLES COMME LE REFUGE NATUREL D’UNE VALEUR QUI L’EST TOUT AUTANT

En 1685, ses coffres abritaient l’or des huguenots contraints de fuir la France. Avant la Seconde Guerre mondiale, c’était celui des Juifs d’Europe qui trouvait asile dans les banques helvétiques. Viendra s’y ajouter, quelques années plus tard, l’or des nazis, qui transitera par la Suisse pour y être blanchi.

La confédération est alors le seul pays d’Europe à accepter les lingots vendus par la Reichsbank, comme elle le fera avec l’or de l’apartheid quelques décennies plus tard, n’étant pas sommée de suivre l’embargo international décrété par les Nations unies envers l’Afrique du Sud, puisqu’elle n’est pas membre de l’organisation à l’époque.

Réputation d’excellence
La confédération a ainsi été plusieurs fois pointée du doigt. Comme en 2012, lorsque le Conseil de sécurité de l’ONU épingle deux raffineries suisses, Argor-Heraeus et Metalor Technologies, pour l’achat, en 2005, de plusieurs tonnes d’or extraites clandestinement des mines de l’Ituri, dans une RD Congo alors en guerre.

« La Suisse ne cherche pas à connaître l’origine ou les conditions de production de l’or qu’elle importe », regrette un responsable de l’ONG Trial International (établie à Genève), à l’origine des révélations sur l’or congolais – lesquelles se termineront par un non-lieu devant la justice helvétique.

LA SUISSE NE CHERCHE PAS À CONNAÎTRE L’ORIGINE OU LES CONDITIONS DE PRODUCTION DE L’OR QU’ELLE IMPORTE

En 2014, c’est au tour de la raffinerie Valcambi de se faire prendre la main dans le sac pour avoir accepté de fondre 7 tonnes de métal précieux sorties en contrebande du Burkina Faso via le Togo.

Chaque année, selon ses services douaniers, la Suisse importe officiellement 2 400 à 2 600 tonnes d’or brut des quatre coins du monde (volumes stockés dans ses ports francs non compris) et voit transiter près des deux tiers de la production mondiale de métal jaune dans ses raffineries.

Depuis plus d’un siècle, le pays s’est construit en ce domaine une réputation d’excellence, symbolisée par la règle des « quatre neuf », soit une pureté de 99,99 % garantie par un essayeur-juré confédéral, inspecteur du label de qualité helvétique, et qui n’existe nulle part ailleurs.

Commerce et raffinage
Le savoir-faire horloger et la proximité des joailliers italiens expliquent, aujourd’hui encore, le rôle de la Suisse dans le commerce et le raffinage de l’or. « Parmi les dizaines de raffineries référencées dans le monde par la Good Delivery List de la London Bullion Market Association [LBMA], six représentent 90 % des volumes traités chaque année, dont quatre sont situées en Suisse », rappelle Frédéric Panizzutti, de MKS, société genevoise propriétaire de la raffinerie Pamp, dans le canton suisse du Tessin.

UN QUASI-MONOPOLE QUI ATTISE LA CONCURRENCE À MESURE QUE S’ENVOLENT LES COURS INTERNATIONAUX

Le pays gère évidemment une large proportion de l’or extrait en Afrique, soit, pour 2016, environ 70 % des productions ghanéenne et égyptienne, 90 % de l’or burkinabè et mauritanien, 60 % du métal jaune ivoirien et 95 % de celui du Sénégal. Un quasi-monopole qui attise la concurrence à mesure que s’envolent les cours internationaux.

Dubaï et plus encore Singapour, dopés par la consommation d’or chinoise, cherchent à devenir les nouvelles places fortes du marché mondial, obligeant la Suisse à jouer la carte de la transparence. « Le pays ne veut pas prendre le risque de voir baisser les volumes de ce qui est aujourd’hui son principal produit d’exportation », analyse un courtier singapourien.

Ainsi, en 2015, la confédération a accepté de révéler la liste des pays fournisseurs d’or et, quelques années plus tôt, elle avait rapidement apporté son appui à la Better Gold Initiative, lancée par l’OCDE pour améliorer les conditions sociales et environnementales dans les mines artisanales.

Un vrai trésor
Avec un stock de 1 040 tonnes en décembre 2017 – soit plus de 7 % des réserves internationales de la Banque nationale suisse –, la confédération détient la septième plus grande réserve officielle d’or du monde (après les États-Unis, l’Allemagne, l’Italie, la France, la Chine et la Russie) et la plus importante rapportée au nombre d’habitants.

Jeune-Afrique 07/02/2022

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