Légitime: Quelle légitimité pour le nouveau parlement ?

Si, dans l’ensemble, le scrutin législatif d’hier s’est bien déroulé, une question fondamentale est sur toutes les lèvres depuis la clôture des bureaux de vote. Il s’agit de celle relative à la légitimité de la 2ème institution de l’Etat de Côte d’Ivoire, qui verra le jour, aujourd’hui même, avec la proclamation des résultats et des noms de ceux censés être les nouveaux représentants du peuple au Parlement. En effet, la faiblesse de l’affluence dans les urnes est en passe de donner à la Côte d’Ivoire l’un des Parlements les moins représentatifs de ses populations. Il est bon de le rappeler, l’Assemblée nationale, est le véritable creuset de la démocratie dans un Etat. Surtout sous nos cieux, face à des Exécutifs comme celui de la Côte d’Ivoire ayant encore un régime dit  »présidentialiste ». Aussi, la forte participation des populations au choix des députés est un repère indéniable pour jauger de la démocratie. Surtout au lendemain d’une crise aiguë comme celle ayant résulté de la présidentielle 2010 et qui a nécessité un effort de réconciliation impliquant le Parlement. Or, pour parler d’un Parlement crédible dans lequel se reconnaîtront les populations, il aurait fallu que celles-ci prennent une part active à son élection. Ce qui n’est pas le cas de cette 10ème législature dont la légitimité, avant même qu’elle n’ait sa composition, est mise à mal par le faible taux de ceux qui l’ont élue. Finalement, ces élections suivies de près par l’ensemble de la communauté internationale, pour être une sorte de confirmation pour la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire, sont en train de passer en deçà des espérances. «Il faut un taux de participation qui donne une crédibilité à ce scrutin et aux élus qui vont sortir des urnes». Cette réaction est de l’ambassadeur de la Suisse en Côte d’Ivoire, qui fondu dans le moule des observateurs internationaux à Yamoussoukro, a été l’un des premiers, très tôt à mettre le pied dans le plat quant à la légitimité de l’institution, qui sortira du scrutin d’hier dimanche 11 décembre. Le diplomate suisse, qui a apprécié le bon déroulement du scrutin, ne sera pas seul dans son analyse. A Abidjan c’est une voix non des moindres, notamment le ministre Cissé Ibrahim Bacongo, candidat du RDR (parti au pouvoir), qui va s’alarmer à son tour du peu d’engouement des électeurs, il a appelé à la mobilisation sur les chaînes de la télévision pour que « l’affluence soit rehaussée afin que les députés qui vont sortir de ce scrutin soient oints d’une grande légitimité ». Autrement dit, la légitimité des élus de ce jour tiendrait du taux de participation des électeurs. Et ce n’est pas le président de la République lui-même, qui le contraire. Lui qui, comme le président Obama lors de sa visite au Ghana, il y a deux ans, s’est voulu optimiste pour la mise en place d’institutions fortes en Côte d’Ivoire. «Ces élections contribueront à renforcer la démocratie dans notre pays. Nous avons besoin de construire des institutions qui, maintenant sont des institutions fortes et indépendantes», dixit le président Alassane Ouattara. Mais, quelle Assemblée nationale forte avec une onction populaire qui laisse à désirer, et ce avec un boycott (passif ou actif , c’est selon)de l’opposition ? Voilà qui pourrait jouer sur le fonctionnement de la 10ème Législature. Une Législature, qui sous réserve du taux officiel de participation qui sera annoncé ce jour, pourrait naître avec un sérieux handicap.

F.D.BONY
L’Inter

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